Plus de 28 000 personnes ont rempli le questionnaire en ligne sur la révision du programme d’études Éthique et culture religieuse (ECR).
Soixante-dix-sept groupes, institutions et individus ont aussi pris le temps de rédiger un mémoire sur les thèmes qui devraient être inclus dans le nouveau cours ECR que le ministre Jean-François Robert espère mettre à l'essai durant l'année scolaire 2021-2022.
Le 10 janvier 2020, le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur a surpris tous les intervenants du monde scolaire en annonçant un processus de révision en profondeur du programme ECR.
Le ministre Roberge invitait au même moment les citoyens à participer à une consultation en ligne afin «d’établir de nouveaux thèmes qui enrichiront le programme d’études et remplaceront, en tout ou en partie, les notions de culture religieuse».
Cette consultation a pris fin le 21 février. Exactement 28 163 sondages ont été dûment reçus, a fait savoir la Direction des communications du ministère.
Il ne faut toutefois pas s'attendre à ce que l'intégralité des réponses obtenues soit rendue publique, a indiqué Brian Saint-Louis, porte-parole du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur. «Un bilan de la consultation sera fait lorsque l'analyse des résultats sera complétée mais cette analyse ne sera pas nécessairement rendue publique», a-t-il précisé.
Liste des mémoires
Le ministre Roberge a aussi invité les enseignants et les intervenants du monde scolaire à présenter des mémoires «sur les thèmes qui pourraient être inclus» dans le nouveau programme ECR.
Les personnes intéressées avaient jusqu'au jeudi 27 février pour acheminer leurs propositions de révision à l'équipe de révision du programme. Les 77 mémoires obtenus ne sont pas disponibles dans le site Web du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
Quant à la simple liste des groupes et des individus qui ont rédigé ces documents, elle n'est toujours pas publique. «En ce moment, je ne peux pas garantir que cette liste vous sera remise. J'attends moi-même une réponse à ce sujet», a expliqué le porte-parole Brian Saint-Louis le 6 mars.
Une dizaine de groupes ont toutefois annoncé publiquement avoir déposé un mémoire. C'est le cas de l'Association québécoise en éthique et culture religieuse (AQECR) qui reconnaît que «l’annonce du ministre au sujet de la révision du cours a grandement étonné les membres de notre association», tout comme le processus de consultation qui a suivi cette annonce. «Comment comprendre qu’un sondage réalisé pour le compte du ministère puisse permettre à n’importe quel individu de répondre à la consultation publique autant de fois qu’il le désire?», demande-t-on.
Dans son mémoire, l'Assemblée des évêques catholiques du Québec estime que «la disparition - ou même la réduction significative - de l’initiation à la compréhension du phénomène religieux, dans le cadre d’un programme qui implique aussi une initiation à la réflexion éthique, ne représenterait ni une véritable modernisation ni un réel enrichissement.
L'association Libres penseurs athées accueille «avec enthousiasme et optimisme» cette révision du cours ECR. Elle déplore que le programme d'études «présente une vision édulcorée et complaisante des religions, occultant leur histoire qui est souvent truffée de violences, de guerres, d’atteintes aux droits humains, d’opposition au progrès scientifique, etc.» Le ministère devrait supprimer tout le volet culture religieuse du cours ECR, le remplacer par un volet philosophie pour enfants et ajouter un volet laïcité, indique le mémoire de Libres penseurs athées.
Enfin, dans le texte qu'il a soumis au ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, le Centre justice et foi (CJF) déplore «la précipitation, l’improvisation et le manque de transparence dans lesquels a été annoncée la refonte majeure d’ECR». Ce processus s'est fait «sans avoir pris le temps de consulter en amont les acteurs du milieu de l’éducation» et sans «qu’aucune évaluation systématique de ce programme» n’ait été menée par le ministère. «Nous nous étonnons en conséquence de la pauvreté des alternatives au programme envisagées par le ministre», écrit le CJF.
Dans sa conclusion, le CJF exhorte le ministre Jean-François Roberge «à ne pas agir précipitamment et à soumettre [le programme] ECR à une analyse patiente, pondérée, rigoureuse et approfondie».
***