La sacristie de l'église Sainte-Famille de Boucherville jouit dorénavant d'une double vocation. Elle abrite depuis peu un musée d'art sacré qui présente des pièces tirées des voûtes de cette église construite en 1801 et classée monument historique il y a plus de 50 ans.
«On va découvrir et redécouvrir ici des objets qu'on n'a pas vus depuis longtemps», a déclaré Florence Junca Adenot, présidente de la Corporation des fêtes du 350e anniversaire de Boucherville, le samedi 18 mars, lors de l'ouverture officielle de ce nouveau musée. «On veut redonner à la population ces biens», dont certains étaient depuis trop longtemps «cachés dans des boîtes de carton», a-t-elle ajouté.
Une cinquantaine d'objets ont été soigneusement sélectionnés par la muséologue Éveline Martin-Archambault, conceptrice de l'exposition permanente. «Au Québec, beaucoup de patrimoine s'est perdu par manque de soin ou d'attention. Mais ce n'est pas le cas ici», a-elle lancé aux citoyens venus à l'ouverture. «Pas de doute, vous prenez soin de votre ville et de votre patrimoine.»
Elle explique que lors de son engagement, on lui a remis un document de 1700 pages qui répertoriait chacune des 700 pièces d'orfèvrerie, de vêtements liturgiques et d'œuvres d'art qui font partie de la collection patrimoniale de l'église Sainte-Famille. Elle a pu retrouver, grâce à cet inventaire, l'âge des pièces, leurs provenances ainsi que les noms des artisans qui les avaient fabriquées.
Une des pièces maîtresses de l’exposition, installée tout près de la porte extérieure de la sacristie, est un ostensoir richement décoré, une œuvre de l'orfèvre parisien François-Joseph Bertrand-Paraud. Des pièces d'orfèvrerie de la maison Bertrand-Paraud, active entre 1817 et 1836, se retrouvent aujourd'hui dans plusieurs cathédrales et églises de France. L'ostensoir de Boucherville a été acquis directement de cette entreprise parisienne, dit la muséologue.
La plus belle pièce de l'exposition? Éveline Martin-Archambault hésite un peu avant de répondre. Puis elle se dirige vers un crucifix d'autel, unique objet dans une vitrine. «C'est la plus veille pièce de la collection. Elle est de Louis-Amable Quévillon qui a aussi décoré l'église.» Présent sur l'autel dès 1801, ce crucifix fut sauvé des flammes lors de l'incendie qui a détruit les deux tiers du village de Boucherville, dont son église, en 1843. «C'est une des rares pièces qui reste de cette époque.» Rangé depuis un bon moment, «il est aujourd'hui remis aux yeux du public», se réjouit-elle.
Chacune des pièces et œuvres d'art de l'exposition témoignent «d'une importante pratique liturgique, de l'histoire de Boucherville et du travail d'artisans remarquables», explique Jacques Castonguay, délégué au patrimoine de la fabrique Sainte-Famille.
«Pour faire justice à la beauté exceptionnelle de son décor intérieur et à la richesse de la collection de la paroisse, il aurait fallu mettre l'église entière en vitrine», a-t-il lancé.
Le musée d'art sacré de Boucherville peut dès maintenant être visité les jeudis, vendredis et dimanches, de 13 h 30 à 16 h. Cet été, les heures de visites seront étendues, assure la Corporation des fêtes 2017 de Boucherville.