«Je salue le départ d’un homme immense», dit d’abord le Saguenéen Louis Pilotte lorsqu’on lui demande de commenter le décès de Jean Vanier, le fondateur de L’Arche, un organisme international où l’actuel responsable national de L’Arche Canada œuvre depuis quelque quarante ans.
«On s’y attendait, bien sûr. Jean avait passé les 90 ans. Mais cela demeure un choc», ajoute M. Pilotte qui a côtoyé régulièrement Jean Vanier puisqu’il a travaillé en France, notamment à titre de dirigeant national de L’Arche France durant dix ans.
Pour toutes les personnes engagées comme lui dans les mouvements que Jean Vanier a fondés, dont L’Arche ainsi que Foi et Lumière, la vie, les réflexions et les préoccupations de Jean Vanier demeurent «un héritage à transmettre».
«En France, j’ai rencontré Jean à plusieurs occasions. À Trosly et à Paris, on travaillait en grande proximité», dit celui qui dirige, depuis octobre 2018, L’Arche Canada. «Ces rencontres étaient des moments qui étaient toujours très inspirants.»
«Jean était le chef et nous, nous étions les cuisiniers. On se laissait inspirer», dit Louis Pilotte qui rappelle que la dernière fois que Jean Vanier est venu au Canada, c’était en 2014, à l’occasion des funérailles de son frère, Bénédict Vanier, moine à l’abbaye Val Notre-Dame de Saint-Jean-de-Matha.
L’Arche Canada compte aujourd’hui 29 communautés dans neuf provinces canadiennes. Huit communautés de L’Arche existent au Québec. «On a fêté nos 50 ans cette année. C’est dire que L’Arche Canada a été fondée presque en même temps que L’Arche de Trosly-Breuil», dit le responsable national.
Depuis ces fondations, «le monde a bien changé mais l'expérience de partager la vie de personnes en situation de fragilité demeure tout aussi intense», note Louis Pilotte. «Dans la société dans laquelle on vit, on pousse les gens à opposer leurs différences. Mais L'Arche demeure toujours un lieu où l'on expérimente l'enrichissement par nos différences.»
«Quand Jean a commencé à vivre avec des personnes en situation de handicap, lui qui était docteur en philosophie, il a rapidement compris que ce n'était pas lui le professeur mais bien les deux personnes avec qui il vivait. Ils lui enseignaient la relation humaine. Cette expérience-là, fondamentale, n'a pas changé.»
L’Arche Canada entend souligner le décès de Jean Vanier. «On étudie actuellement la possibilité de tenir une célébration à Ottawa», dit Louis Pilotte. Des discussions à ce sujet sont menées avec les bureaux du premier ministre, de la gouverneure générale du Canada (le père de Jean, Georges Vanier, a été gouverneur général du Canada) et de l’archidiocèse d’Ottawa.
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