Les cloches, symboles emblématiques de Montréal, autrefois surnommée la ville aux cent clochers, retrouveront leurs lettres de noblesse grâce au projet muséal pensé par l’homme d’affaires, et ancien sous-ministre au provincial, Clément C. Gagnon. Le musée thématique, entièrement privé et à but non lucratif, ouvrira ses portes au début du mois d’avril 2018 dans un lieu encore tenu secret. Il présentera aux visiteurs une cinquantaine de cloches.
«Je suis devenu un amoureux des cloches. Ce projet me passionne!», lance Clément C. Gagnon, attablé dans un café du Vieux-Montréal.
Il n’est pas le seul à être tombé sous le charme de ces grandes oubliées de l’histoire. «De riches hommes d’affaires nous ont déjà fait de généreuses donations», précise-t-il.
Des dons, il en faudra beaucoup puisque le Sommaire exécutif, document tiré du Plan d’affaires du Musée, dont nous avons obtenu copie en exclusivité, prévoit des dépenses de 15 millions $ pour les trois premières années d’opération. Seuls 3,8 millions $ seront demandés aux gouvernements sous forme de subventions. Le reste du montant sera récolté grâce à des donateurs, des fondations, la vente de billets et la location de salles.
Grande variété
Le Musée offrira une expérience unique aux visiteurs. «Il n’en existe pas d’autres en Amérique du Nord. Au Mexique, on trouve un petit musée qui ne contient que deux ou trois cloches. Il occupe le sixième étage d’un immeuble à bureaux. En Europe, on compte six musées et ils sont tous situés en France», souligne M. Gagnon.
Parmi ces musées français nous retrouvons le musée Paccard appartenant à la fonderie du même nom. «D’après nos recherches, 50 % des cloches des églises du Québec proviennent de la fonderie Paccard.»
M. Clément C. Gagnon a imaginé un musée où la cloche sera à l’honneur sous toutes ses déclinaisons. «La moitié de nos cloches proviendront d’églises, 30 % viendront de bateaux, de trains, de couvents, de maisons, d’hôpitaux, d’écoles, etc. Quant aux 20 % qui restent, ils seront constitués de cloches virtuelles.»
Certaines cloches seront fondues expressément pour le musée. Des reproductions de la Liberty Bell et de la cloche du Titanic seront exposées au musée qui comptera deux étages.
Afin d’être à la hauteur des exigences du visiteur branché, l’institution permettra la visualisation et l’écoute de cloches dont celles de Notre-Dame-de-Paris. Des «capsules immersives» sont prévues. Les visiteurs auront également l’occasion de «faire parler les cloches».
Le public cible du futur musée est composé des élèves du primaire et du secondaire, des touristes, dont ceux en provenance de Chine (en raison de vols directs entre Montréal et Shanghai ainsi qu’entre Montréal et Pékin), des adeptes du tourisme religieux. S’ajoutent à cette clientèle, les visiteurs locaux. Le plan d’affaires prévoit que le musée attirera 100 000 personnes dès la première année.
Un legs
Au conseil d’administration du futur musée nous retrouvons des experts du domaine du tourisme dont Pierre Bellerose, vice-président de Tourisme Montréal et Siham Jamaa, auteure de deux livres parus aux éditions Ulysse : «Sur les chemins spirituels et religieux du Québec» et «Montréal – Un patrimoine religieux à découvrir». Sœur Nicole Fournier, ancienne Directrice générale de l’Accueil Bonneau et l’ancien journaliste de Radio-Canada, Alexandre Dumas, siègent également au conseil d’administration.
M. Gagnon, qui brasse des affaires à Montréal depuis longtemps, cherchait une façon d’offrir un legs à la ville pour souligner sa réussite. Il y a environ deux ans, l’idée de fonder un musée dédié aux cloches lui est venue. «Les cloches sont présentes partout et depuis très longtemps, souligne-t-il. Dans l’Ancien Testament, on mentionne des clochettes associées à la liturgie.»
Clément C. Gagnon rappelle que les cloches sont présentes dans certaines étapes importantes de l’histoire de la ville comme dans notre vie personnelle. «Pour inaugurer les festivités du 375e anniversaire de Montréal, qu’a demandé le maire? Que les cloches des églises sonnent. On se fait baptiser? Les cloches sonnent. On se marie? Les cloches sonnent. On meurt? Les cloches sonnent.»
L’homme d’affaires et ancien professeur de philosophie a fait appel à la firme d’architectes Lemay afin de dessiner les plans du futur musée dont la superficie sera de 14 000 pieds carrés. «Ce dernier sera tourné vers l’avenir», affirme Clément C. Gagnon qui planche déjà sur un autre projet relié au tourisme religieux.