«Cela tient du miracle.»
Plusieurs fois, au cours de la conversation, Muguette Szpajzer-Myers répète ce mot, affichant chaque fois un sourire ému. Sa mère et elle ont vécu tant d’occasions où elles auraient pu être découvertes, séparées, mises au cachot et sans doute tuées comme tant de leurs voisins, amis et parents.
Née en France, en 1931, de parents juifs venus de Pologne, Muguette Szpajzer a tenu à raconter un de ces miracles à Parabole, afin d’illustrer l’audace de sa mère, mais aussi de remercier les gens qui les ont accueillies et protégées sur les routes dangereuses qu’elles ont dû emprunter, notamment lors de la Deuxième Guerre mondiale.
Elle nous entraîne à Paris, la veille du 16 juillet 1942, une date funeste, celle de la rafle du Vélodrome d’Hiver, lors de laquelle 13 000 juifs sont arrêtés, puis déportés vers Auschwitz.
«La veille, nous sommes prévenus par une de mes tantes, une traductrice, qui travaillait au secrétariat de la Wehrmacht. Personne ne savait qu’elle était juive. C’était une grande femme blonde aux yeux bleus. Le type aryen quoi. Elle nous avertit qu’il faut partir parce que le lendemain, les Français allaient venir chercher les juifs.»