«Je fais appel au premier ministre Justin Trudeau pour que le parti respecte ses propres règlements ainsi que le choix démocratique de ses membres. Je fais appel au premier ministre pour qu'il annule sa décision de vendredi dernier afin de rétablir ma candidature.»
La voix de l'ex-imam Hassan Guillet a résonné dans une salle exiguë de Saint-Léonard ce mercredi matin. Le candidat de la circonscription de Saint-Léonard–Saint-Michel réagissait à la révocation, vendredi dernier, de sa candidature au scrutin du 21 octobre par les ténors du Parti libéral du Canada.
«Je me sens trahi», a-t-il indiqué en rappelant qu'à de nombreuses reprises, les stratèges du Parti libéral du Canada ont toujours indiqué être à l'aise avec sa candidature. «Tous les responsables du parti m'ont toujours confirmé qu'ils étaient convaincus que je n'étais ni raciste, ni antisémite.»
Il ne s'explique pas que vendredi dernier un cadre du parti lui ait téléphoné quelques heures seulement après que B'nai Brith Canada ait dénoncé publiquement des commentaires «antisémites et anti-israéliens» rédigés par l'ex-imam sur des réseaux sociaux.
«Vendredi, à 14 h 30, on m'a donné une heure pour démissionner pour des raisons personnelles. Sans quoi, je serais exclu», a révélé Hassan Guillet.
Le candidat libéral a refusé de démissionner et a plutôt présenté des excuses dans sa page Facebook. «Si [mes] déclarations pouvaient être considérées offensantes à certains de mes concitoyens de confession juive, je m'en excuse. Mon intention n’était pas d'offenser qui que ce soit. Le manque de sensibilité de ces déclarations ne reflète pas ma personnalité ni ma façon d'être», avait alors écrit Hassan Guillet.
Quelques heures plus tard, le Parti libéral du Canada remettait aux médias une brève mais catégorique note. Hassan Guillet ne porterait plus les couleurs libérales lors du scrutin fédéral du 21 octobre.
«Justin Trudeau et l’équipe libérale s’opposent fermement aux propos antisémites, haineux, racistes, islamophobes, homophobes, sexistes et à toute forme de discrimination», indiquait la note acheminée par courriel.
«À la suite d’un processus d’examen interne rigoureux, qui a duré des semaines, le Parti libéral du Canada a révoqué la candidature de M. Guillet pour la circonscription de Saint-Léonard–Saint-Michel aux importantes élections de cet automne», indiquait le PLC.
«Je suis complètement choqué», avait alors réagi sur Facebook Hassan Guillet. Ce matin, dès le début de sa conférence de presse, il se disait toujours en état de choc. «Pourquoi s'allier avec B’nai Brith et les conservateurs pour salir ma réputation et me diaboliser?», a-t-il lancé, indiquant qu'il était «en train d'évaluer avec [son] équipe quelles seront les prochaines étapes» d'ici le scrutin fédéral.
Lors de sa conférence de presse, Hassan Guillet était assis aux cotés de Jonathan Kramer, un homme d’affaires de confession juive et un militant pour le dialogue interreligieux à Saint-Jean-sur-Richelieu. «Je sais ce que c’est que l’antisémitisme, j’ai souffert d’antisémitisme. Et je peux vous dire qu’Hassan Guillet n’est pas antisémite», a-t-il lancé aux journalistes.
Plus tard en journée, B'nai Brith et le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) ont rejeté les excuses d'Hassan Guillet et continué d'exiger son retrait.
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