Le pape François a accepté la démission d’un évêque espagnol qui avait fait des déclarations controversées en faveur de l’indépendance de la Catalogne.
Le Vatican a annoncé la démission, le 23 août, de l’évêque Xavier Novell Gomà de Solsona. À 52 ans, Mgr Novell était l’un des plus jeunes évêques d’Espagne.
Le pape François a nommé Mgr Romà Casanova Casanova de Vic administrateur apostolique du diocèse, a indiqué le Vatican.
Dans un communiqué publié peu après l’annonce, la conférence épiscopale espagnole a déclaré que Mgr Gomà a « librement présenté » sa démission au pape « pour des raisons strictement personnelles », conformément au canon 401, paragraphe 2, du Code de droit canonique.
Selon ce canon, un évêque diocésain qui est devenu moins apte à remplir sa charge en raison d’une mauvaise santé ou d’une autre cause grave est prié de présenter sa démission.
« Mgr Novell a pris cette décision après un temps de réflexion, de discernement et de prière, au terme duquel il a spontanément présenté au Saint-Père sa situation et sa démission de la gouvernance pastorale du diocèse de Solsona », a indiqué la conférence épiscopale espagnole.
L’évêque espagnol a fait les gros titres en 2017 pour les commentaires qu’il a faits après que le Parlement de la région de Catalogne ait voté pour déclarer unilatéralement son indépendance vis-à-vis l’Espagne.
Cette déclaration a incité l’ancien premier ministre espagnol Mariano Rajoy à invoquer un article de la constitution espagnole et à dissoudre le gouvernement de la Catalogne.
Selon le site d’information espagnol El Confidencial, Mgr Novell a écrit dans sa chronique hebdomadaire sur le site Web du diocèse que si l’indépendance de la Catalogne est inscrite sur le bulletin de vote, « j’irai voter ».
« Il n’est pas juste que l’on nous refuse et que l’on nous empêche d’exercer notre autodétermination », a-t-il écrit dans cette chronique d’octobre 2017. L’autodétermination, ajoutait-il, « est un droit inaliénable de chaque nation ; une grande majorité sociale veut l’exercer, et c’était le premier point des programmes électoraux des partis politiques qui ont gagné les dernières élections régionales ».
La déclaration de l’évêque soutenant l’indépendance catalane contredit directement l’opinion de la plupart des évêques espagnols, dont le cardinal Antonio Cañizares Llovera de Valence.
Dans un commentaire de novembre 2017 pour le quotidien madrilène La Razón, le cardinal Cañizares, qui a été préfet de la Congrégation pour le culte divin et les sacrements de 2008 à 2014, a déclaré qu’il était « moralement inacceptable » pour les nations de « revendiquer l’indépendance unilatéralement par leur propre volonté ».
Dans une autre entrevue accordée le 26 novembre à La Razón, le cardinal Cañizares s’est dit « blessé » par le fait que de nombreux membres du clergé catalan aient soutenu l’indépendance, permettant que des boîtes de référendum soient cachées dans leurs églises. Il a également déclaré qu’il pensait que le soutien de Mgr Novell à l’indépendance avait été confus et mensonger.
« Personne ne peut revendiquer une base ecclésiale pour le sécessionnisme », a déclaré le cardinal espagnol. « Le mouvement indépendantiste a suscité une haine qui n’existait pas, alors que l’Église œuvrera toujours pour l’unité, la coexistence et l’harmonie. »
Junno Arocho Esteves