«Je le dis haut et fort, devant vous et devant notre créateur. Le terrorisme n'a pas de religion, le terrorisme n'a pas de nation, le terrorisme n'a pas de groupe ethnique.»
La forte voix de l’imam Hassan Guillet a résonné dimanche après-midi à Saint-Jean-sur-Richelieu. «Le terrorisme est un crime», a scandé l’imam devant les quelque 200 personnes réunies dans l’église cathédrale Saint-Jean-l’Évangéliste, lors d’un événement interreligieux organisé par la paroisse johannaise et le Centre culturel Al-Imane de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Les deux groupes, auxquels se sont joints des représentants de la communauté juive, ont voulu rendre mémoire aux victimes de l’attentat qui a fait six morts au Centre culturel islamique de Québec et prier ensemble pour la paix.
L’imam Guillet préside depuis plus d’un an les prières à la mosquée de ce centre de Saint-Jean-sur-Richelieu. Porte-parole du Conseil des imams du Québec, c’est lui qui a prononcé l’allocution remarquée lors des funérailles de trois des victimes de la tuerie de la grande mosquée. Il avait alors déclaré que l'homme qui fait aujourd'hui face à des accusations de meurtre prémédité et de tentative de meurtre était aussi une victime.
«Je le dis, Alexandre Bissonnette, avant d'être un assassin, a été une victime. Une victime de la haine, de la mauvaise propagande, de la manipulation malsaine», a-t-il répété hier, debout dans le chœur de l’église Saint-Jean-l’Évangéliste.
«Avant qu'il ne plante ses balles dans les poitrines de ses victimes, des mots, plus destructeurs que des balles, avaient été plantés dans sa tête», a déploré l'imam de la mosquée de Saint-Jean-sur-Richelieu.
«Dieu pardonne énormément», a ajouté l’imam Guillet. «Mais il y a une chose qu'il ne pardonne pas, c’est le mal que l’on fait aux autres. Quand on arrive avec le sang d'innocents sur les mains, ça il ne pardonne pas.»
L’imam Guillet a aussi répété que ceux qui préconisent la violence ne peuvent se réclamer de Dieu.
«Des gens commettent des actes de terrorisme au nom d'un Dieu que moi, je ne connais pas. Il ne sont ni musulmans, ni chrétiens, ni juifs. Je ne crois pas qu’il y ait une religion qui accepte et tolère la violence, le terrorisme», a-t-il dit.
L’allocution de l’imam de la mosquée de Saint-Jean-sur-Richelieu a été saluée par des applaudissements.
Un texte tiré de la Genèse a ensuite été lu par Harry Bolner, vice-président de la Communauté juive de la Rive-Sud, tandis que les premiers versets de la sourate 55 du Coran – Le Tout Miséricordieux – ont été récités. La parabole du Bon Samaritain a aussi été proclamée.
Les députés Dave Turcotte (Parti Québécois) et Jean Rioux (Parti libéral du Canada), présents à cet événement religieux, ont prononcé de courtes allocutions.
Au terme de cette rencontre interconfessionnelle, qui a duré un peu plus d’une heure, les participants ont partagé du café ainsi que du thé marocain. Des policiers étaient postés aux portes de la cathédrale durant toute la durée de cette rencontre.