Alors que débute sa campagne de financement annuelle, Développement et Paix refuse de rendre public le rapport final de l'enquête qu'il a menée, conjointement avec la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), sur le quart de ses partenaires.
Ce rapport va «demeurer confidentiel», vient de déclarer Romain Duguay, le directeur général adjoint de Développement et Paix. «Les résultats du processus seront par contre publiés dans un communiqué», a-t-il ajouté, sans préciser quand ce dernier document sera rendu public.
Il y a trois ans, une poignée d'évêques canadiens a dénoncé publiquement le fait que Développement finançait des groupes du Sud qui «montraient des signes de conflit avec l'enseignement moral et social de l'Église». Ces partenaires, qu'on estimait alors au nombre de 40, ne faisaient pas «preuve de respect pour le caractère sacré de la vie humaine», avaient notamment déclaré douze évêques, principalement de l'Ouest canadien.
En novembre 2018, Développement et Paix révélait pour la première fois «que les représentants de la CECC avaient identifié 52 partenaires, qui, selon des données obtenues en ligne, posaient certaines questions concernant leur respect des enseignements de l’Église.»
Depuis, tous ces partenaires ont été évalués par les deux organismes. Après avoir été approuvé par les évêques en septembre 2020, le rapport final de cette évaluation a été adopté par les membres du conseil national de Développement et Paix le 29 novembre 2020. Le 8 décembre 2020, les résultats du rapport n'avaient toujours pas été dévoilés. «Nous allons émettre un communiqué de presse conjoint avec la CECC, sans doute la semaine prochaine», avait alors promis Evelyne Beaudoin, la présidente de Développement et Paix.
Plus que 81 partenaires
Dans le matériel de collecte de fonds qu’il a préparé pour sa nouvelle campagne Carême de partage, Développement et Paix indique combien il a dorénavant de partenaires.
«Votre soutien permet à Développement et Paix et à ses 81 partenaires de mener à bien leur mission de justice sociale par la mise en œuvre de plus de 86 projets dans 32 pays partout dans le monde», annonce l’organisme.
Lors de sa précédente campagne, en 2020, Développement et Paix mentionnait appuyer «138 partenaires en Afrique, en Amérique latine, en Asie et au Moyen-Orient».
Il y a trois ans, lorsque les soupçons de certains évêques ont été rendus publics, l'ONG affirmait compter environ 180 partenaires.
Comment expliquer une diminution aussi drastique du nombre de partenaires financés par l'organisme? Est-elle liée à l'enquête entreprise il y a trois ans à la demande des évêques canadiens. «Non», a assuré Romain Duguay. «C’est la vie normale des projets et donc des partenariats. On a des projets qui finissent et d’autres qui débutent. Cela dépend aussi de nos moyens budgétaires.»
Développement et Paix n'a pas voulu rendre publics les noms des partenaires appuyés cette année. «Cette liste sera éventuellement divulguée quand les nouveaux processus auront été acceptés par le conseil national.» Là encore, le directeur général adjoint n'a pas voulu préciser quand les membres de la plus haute instance de l'organisme prendront cette décision.
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