«Je ne pense pas qu’il y ait de l’islamophobie au Québec. Je ne vois pas pourquoi il y aurait une journée contre l’islamophobie.» Ces propos lancés le jeudi 31 janvier par le premier ministre François Legault lors d'un point de presse ont été mal reçus par le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC).
«Ces commentaires, formulés moins de 48 heures après la participation publique du premier ministre à la commémoration du meurtre de six musulmans québécois dans l’attentat de la mosquée de Québec du 29 janvier, sont absolument insultants pour les familles des victimes et les communautés musulmanes québécoises et canadiennes qui continuent de vivre un deuil dans la foulée de cette tragédie», a déclaré Ihsaan Gardee, le directeur exécutif du CNMC, dans un communiqué remis aux médias.
François Legault devrait corriger le tir et se rétracter publiquement, a ajouté Ihsaan Gardee qui estime que «le premier ministre Legault est manifestement déconnecté des réalités de l’islamophobie sur le terrain au Québec».
Le premier ministre devait «s’excuser à la suite de cette remarque grandement offensante et inexacte, et reconnaître que l’islamophobie, comme toutes les autres formes de haine et de racisme, existe au Québec».
Leila Nasr, coordinatrice des communications du CNMC, croit que les déclarations qui nient l'existence de gestes et de propos islamophobes ne font «que flatter les sentiments réactionnaires et populistes au détriment des musulmans du Québec, lesquels sont déjà vulnérables et continuent d’être confrontés à la discrimination simplement en raison de leur identité religieuse».
«On craint réellement que les commentaires du premier ministre Legault soient interprétés par certains comme une autorisation d’agir dans le sens de leurs opinions haineuses», a-t-elle déploré.
En novembre 2018, le Conseil national des musulmans canadiens avait demandé, cette fois au gouvernement canadien, de «désigner, par décret ou par proclamation, le 29 janvier comme Journée nationale d’action contre la haine et l’intolérance».
Cette demande avait été appuyée par plus de 100 groupes dont l'Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec, l'Église anglicane du Canada, le Centre culturel islamique de Québec - lieu de l'attentat du 29 janvier 2017 - et l'Église Unie du Canada.
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