«Le conseil d’administration a pris la décision de fermer les portes d’Auvidec Média à la fin de la présente année financière», confirme, au téléphone, Michel Maillé, président du conseil d’administration de cette maison de production fondée à Montréal il y a 33 ans.
Il explique que le départ précipité, en octobre dernier, de son directeur général, Jean-Guy Roy, a plongé Auvidec dans une période d’incertitude. Ce dernier animait jusqu’alors le magazine télévisé Lignes de vie, diffusé par différentes chaînes de télévision communautaire. Cette émission a aussitôt cessé d’être diffusée et ses archives ont été retirées du site Web d’Auvidec.
Au lendemain de cette démission, le conseil d’administration a nommé Thérèse Miron, depuis plusieurs années chroniqueuse et recherchiste auprès d’Auvidec, à la direction générale. Il a aussi cherché à revitaliser l’organisme.
Mais, confie Michel Maillé, éditeur chez Fides, «il a fallu se rendre à l’évidence que les plans de relance étudiés par le conseil ne tenaient pas la route».
«Cela me fait de la peine de mettre la clé sous la porte», ajoute-t-il. «J’ai toujours cru qu’il y avait de la place pour une petite boîte comme Auvidec pour apporter du contenu de réflexion et de haute qualité dans les médias.»
Auvidec Média – le nouveau nom d’Auvidec depuis 2013 – cessera ses activités le 30 juin 2017. La boîte ne compte plus qu’une seule salariée, soit Mme Miron.
L’empreinte de Roland Leclerc
La Société Auvidec Inc. a été fondée en 1984 par un groupe de professionnels du monde des médias. Raymond David, ex-vice-président de Radio-Canada, l’abbé Jean-Guy Dubuc, éditorialiste à La Presse, l’abbé Roland Leclerc, animateur du Jour du Seigneur et d’autres émissions religieuses, et le comédien Pierre Valcour faisaient partie des fondateurs de cette maison de production.
L’émission la plus connue produite par Auvidec aura été Parole et Vie, longtemps animée par l’abbé Leclerc. L’émission d’affaires religieuses a cessé d’être produite en 2012, soit avant l’arrivée de Jean-Guy Roy. La journaliste Lise Garneau a coanimé cette émission aux côtés du populaire abbé Leclerc, décédé tragiquement en 2003, et d’Alain Faubert, un prêtre nommé par le pape François, il y a un an, évêque auxiliaire à Montréal.
L’émission Parole et Vie a été diffusée durant 22 saisons par les différentes stations de télé communautaire du Québec.
Lise Garneau s’est dite peinée mais non surprise en apprenant cette fermeture.
«La mission fondatrice d’Auvidec était de témoigner des valeurs d’évangile par les médias au cœur du monde. Bref, d’être présent au monde d’aujourd’hui», dit celle qui a joint le conseil d’administration d’Auvidec en 1999 à la demande de Roland Leclerc.
«Ce qui est triste, ce n’est pas la fermeture d’Auvidec car elle était prévisible», ajoute-t-elle. «C’est qu’il n’y ait plus aucune présence vivante, dynamique et professionnelle de cette parole dans l’univers médiatique actuel. Pourtant, la soif et le besoin de cet espace de réflexion religieuse et spirituelle sont bien réels», déplore Lise Garneau.
Contexte de départ
Engagé à la direction générale d’Auvidec en 2013, le frère Jean-Guy Roy a démissionné de son poste quelques jours avant qu’une demande de recours collectif contre les Frères du Sacré-Cœur, sa congrégation religieuse, ne soit présentée à la Cour supérieure du Québec. Elle alléguait que des agressions sexuelles auraient été commises par un ex-religieux, surveillant de dortoir et directeur au Collège Mont-Sacré-Cœur de Granby dans les années 1970.
Deux semaines plus tard, le vendredi 21 octobre 2016, le cabinet d’avocats Kugler Kandestin modifiait sa requête initiale et nommait une dizaine de religieux ou d’ex-religieux, en plus de l’individu nommé plus tôt. Le nom de Jean-Guy Roy en faisait partie. Dans sa lettre de démission, le directeur général ne mentionnait pas ce recours collectif mais invoquait plutôt des raisons de surmenage et de grande fatigue, avait alors confirmé M. Maillé.