Les ventes de la version française de l’exhortation apostolique Amoris laetitia (La joie de l’amour) connaissent un bon départ. Il serait toutefois étonnant qu’elles connaissent autant de succès que Laudato si’, l’encyclique de 2015 du pape François sur l’écologie.
Le directeur commercial de Médiaspaul, la première maison d’édition à publier la nouvelle exhortation du pape sur la famille pour les francophones canadiens, indique que plusieurs centaines d’exemplaires ont déjà été vendus, alors que 3000 copies du livre ont été distribuées dans divers points de vente depuis sa parution vendredi. Denis Guérin soutient que la demande est forte, mais qu’elle vient surtout des chrétiens, contrairement à l’encyclique de l’an dernier qui avait rayonné bien au-delà des milieux croyants habituels.
«Pour la famille, on est dans une perplexité. On revient d’une part à un public très concerné dans le monde catholique. Est-ce que ça ira rejoindre un public plus large? On ne le sait pas», dit-il.
Comparativement à Laudato si’ qui continue de connaître un succès en librairie et qui a été réimprimé trois fois au cours de l’année, Amoris laetitia ne serait pas aussi «explosif» selon lui. «Mais je me trompe peut-être», ajoute M. Guérin.
Il se vend habituellement de 5000 à 6000 exemplaires de n’importe quel texte papal en français au Canada. Au Québec, dans le monde de l’édition, c’est déjà considéré comme un succès.
Depuis un an, il s’est vendu plus de 10 000 exemplaires du Laudato si’ publié chez Médiaspaul, le plus grand succès pour un texte papal depuis des décennies, confirme M. Guérin. Si les textes de Jean-Paul II pouvaient connaître un certain succès à l’époque, jamais un texte officiel de Benoît XVI n’a suscité un tel enthousiasme chez les francophones canadiens.
Ce phénomène serait attribuable au fait que ce que le pape François avait à dire sur l’écologie générait un intérêt bien au-delà des milieux uniquement religieux.
«Loué sois-tu (Laudato si’) est allé chercher un public vraiment différent. Il y avait une préoccupation médiatique immense autour du pape sur l’écologie. C’était un sujet brûlant. Le fait qu’il aborde le sujet dans Loué sois-tu a ouvert des horizons à un monde qui n’est pas nécessairement lié au catholicisme», explique-t-il. «Je doute qu’on puisse dépasser Loué sois-tu. On est tombé à un moment spécifique de grande interrogation.»
100 livres vendus par jour
À la librairie Médiaspaul de Québec, Amoris laetitia s’écoule à une centaine d’exemplaires par jour. Fermée pendant la fin de semaine, on y a donc vendu 300 copies depuis vendredi.
«Les livres du pape François, ça se vend très bien», se réjouit la libraire Louisine Gauthier. Selon elle, même si l’impact de l’encyclique sur l’écologie ne sera pas sans doute pas égalé, les nouveaux textes comme Amoris laetitia contribuent à la bonne santé financière des librairies spécialisées. «Les gens viennent chercher le dernier texte du pape, mais achètent souvent autre chose en même temps», remarque Mme Gauthier.
Une manne à mettre en perspective
À Montréal, la gérante de la librairie Paulines, Jeanne Lemire, tient un discours similaire. «L’impact est bon. Ça ne sera pas comme Laudato si’, ça c’est sûr. Mais la demande est bonne», dit-elle.
«Avec le pape François, c’est plus que tous les autres papes. Plus que Jean-Paul II, indique Mme Lemire. L’encyclique sur l’environnement dépasse les 1500 copies vendues dans notre succursale de la rue Masson. Cette encyclique a été sur la liste des bestsellers mondiaux francophones. Ça ne s’était jamais vu pour un tel document.»
Elle croit tout de même être en mesure de vendre de 700 à 800 copies d’Amoris laetitia. Environ 200 copies ont déjà trouvé preneur. Une perspective douce-amère alors que, malgré le succès de l’encyclique de 2015, le rayon spiritualité de la librairie vient de connaître une baisse de 20% des ventes au cours de la dernière année.