Sous un champ de foin coupé, dont les tiges séchées craquent sous les pieds, se trouve le labyrinthe à quatre étages des premières catacombes chrétiennes de Domitilla, à Rome.
Seize kilomètres de tunnels découpés dans le tuf volcanique y serpentent dans un dédale multidirectionnel. Heureusement, une série d’ampoules permettent d’atteindre la destination recherchée: deux chambres nouvellement restaurées qui ne sont pas encore ouvertes au public.
Le complexe compte environ 70 chambres funéraires (ou cubicula, pluriel de cubiculum) mais seulement 10 ont été restaurés, a indiqué Barbara Mazzei, qui a supervisé la restauration des fresques des chambres.
Elle a dirigé un groupe de journalistes pour voir les résultats de leurs travaux le 30 mai. Ils ont été dévoilés par la Commission pontificale pour l’archéologie sacrée, qui supervise l’entretien et la préservation de plus de 100 catacombes chrétiennes anciennes dispersées dans toute l’Italie.
Les catacombes de Domitilla sont considérées comme le plus ancien cimetière chrétien au monde et sont parmi les plus grandes d’Italie avec un total de 150 000 emplacements funéraires.
La majorité sont de petites niches sculptées dans les murs des tunnels pour les chrétiens les plus pauvres; Les niches ont été scellées avec une dalle de marbre ou murées avec des briques. Les salles rondes et somptueusement décorées ont été construites par des familles plus riches et des coopératives commerciales, dont les membres ont combiné leur argent pour un lieu de repos plus digne.
Le plus récent travail de restauration a été effectué sur les chambres pour les boulangers de la ville, qui ont dirigé une industrie lucrative de transport et fabriqué et distribué du pain.
Bernardino Bartocci, président de l’association des fabricants de pain de la ville moderne, a confié à l’agence Catholic News Service qu’il a assisté au dévoilement comme un signe de la façon dont les boulangers continuent d’être et «ont toujours été unis en tant que groupe, une grande famille».
L’importance et la signification spirituelle du pain sont fortes dans les croyances chrétiennes, a-t-il dit, et les premiers boulangers chrétiens ont fièrement montré leur métier sur les fresques du plafond.
Le symbolisme païen – comme les représentations des quatre saisons ou un paon représentant l’au-delà – ainsi que les scènes bibliques sont intégrés sans contradiction, a déclaré Mme Mazzei. Le thème central des fresques est le salut et la délivrance de la mort, tel que souligné par les représentations variées de Noé dans son arche accueillant la colombe, le sacrifice avorté d’Isaac, Jonas et la baleine et la multiplication des poissons et des pains.
Les experts ont utilisé des lasers pour envoyer des impulsions de fréquences précises pour éliminer sélectivement des substances spécifiques – la suie, les algues et le carbonate de calcium – sans endommager les pigments de couleur et les surfaces sous-jacentes, a-t-elle expliqué.
Malgré les sept années de travail méticuleux pour redonner aux fresques leur splendeur originale, les restaurateurs ont délibérément laissé les graffitis et les autographes écrits par les visiteurs des XVIIe et XVIIIe siècles.
Le graffiti le plus commun qu’on y retrouve est le nom «Bosio», laissé par Antonio Bosio, un avocat né à Malte qui a découvert plusieurs des catacombes abandonnées de Rome, dont celles-ci, à la fin du XVIe siècle.
Son sens de l’exploration et ses découvertes étonnantes lui ont valu le surnom de «Christophe Colomb des catacombes», a déclaré Mme Mazzei. Ses découvertes ont marqué un changement pour l’archéologie moderne : l’accent n’était plus tellement mis sur la découverte d’objets pour les collectionneurs, mais plutôt que la compréhension du passé que ces objets pouvaient apporter.
Il a également révélé par inadvertance une source abondante d’ossements pour répondre à la forte demande de l’époque en reliques de martyrs, at-elle dit. Il croyait à tort que les morts étaient tous des premiers martyrs chrétiens, alors qu’ils n’étaient que des fidèles qui cherchaient à être enterrés près des deux martyrs originaux du site, saint Nérée et saint Achillée.
Alors que les chambres des boulangers devaient rester fermées au public, un petit musée par l’entrée principale des catacombes doit ouvrir en juin pour présenter des bustes de marbre, des sarcophages ornés de sculptures et des dalles représentant la vie quotidienne de certains des premiers chrétiens.
Carol Glatz