Le temps d’un café, Christian Marcotte, le tout nouveau directeur général du Musée des religions du monde, discute des projets qu’il envisage et de la pertinence d’un musée à thématique religieuse dans une société laïque.
Présence: Vous êtes historien. Et vous êtes le directeur, depuis plus de dix ans, d’un musée régional reconnu pour son dynamisme. Pourquoi avoir accepté de déménager à Nicolet afin de diriger le Musée des religions du monde?
Christian Marcotte: La première raison, c’est pour trouver et m’engager dans une vie de famille plus riche. Je suis un Nord-Côtier d’origine, je suis né à Baie-Comeau. Après des études à Québec, je suis retourné dans la région, à Sept-Îles, afin de travailler au Musée régional de la Côte-Nord.
Mais mes parents, eux, sont originaires du comté de Portneuf. À leur retraite, ils ont quitté la Côte-Nord et se sont installés dans leur région d’origine. J’ai un garçon de cinq ans et notre projet était de nous rapprocher des membres de nos familles afin que tous puissent le voir grandir. Nous sommes ici à moins d’une heure de mes parents. C’est quand même mieux que huit heures!
Mais au-delà de la famille, diriger le Musée des religions du monde m’est apparu comme un défi intéressant à relever. J’ai décidé de tenter l’aventure d’autant plus que je m’intéresse au patrimoine religieux.
Nouvellement arrivé à la direction de ce musée de Nicolet, y a-t-il des projets que, déjà, vous souhaitez mener?
Je découvre actuellemet le musée et le milieu. Je sais qu’on aura des travaux de rénovation à faire ici. J’en ai accomplis pas mal sur la Côte-Nord. Peut-être que je suis en train de me spécialiser dans la rénovation de musées!
Plus sérieusement, il y a un ouvrage que j’ai lu récemment. C’est Convertir les fils de Caïn. Jésuites et Amérindiens nomades en Nouvelle-France, 1632-1642, un livre d’Alain Beaulieu. Il traite de la conversion des populations autochtones, notamment la population algonquine. Il y a des parallèles intéressants, il me semble, entre le catholicisme et le schéma de pensée des Autochtones. Cela pourrait bien être le sujet d’une future exposition.
En 2019, dans une société qui ne parle que de laïcité, quelle est la pertinence d’un musée sur les religions?
Tous les événements dont on est témoins, et je pense en ce moment aux récents attentats en Nouvelle-Zélande [ndlr: le meurtre de 50 musulmans dans des mosquées de Christchurch], nous redisent l’importance des questions religieuses et de leur compréhension. On vit dans un monde en perpétuel changement mais on doit reconnaître notre grande méconnaissance des religions. Les trois grandes religions que sont le christianisme, le judaïsme et l’islam sont issues du même coin du monde, des fils de la même mère pourrait-on dire.
Bien qu’on évolue dans une société laïque, cela ne veut pas dire qu’il faille jeter le bébé avec l’eau du bain. Gardons le bébé! Le Québec a sans doute ses raisons d’opter pour la laïcité. Mais bien des gens sont toujours attachés à des pratiques ainsi qu’au patrimoine religieux. Et cela n’est pas incompatible avec le monde d’aujourd’hui.
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