«Ce film est une pure grâce», ont déclaré samedi les membres du Jury œcuménique du Festival de Cannes en remettant leur prix à Perfect Days ainsi qu’à son réalisateur, le cinéaste allemand Wim Wenders.
«Ce chef d’œuvre cinématographique est un bijou aux nombreux attributs poétiques», ont estimé les six membres de ce jury international présidé cette année par le religieux salvatorien Néstor Briceño du Venezuela, directeur des études du 3e cycle à la faculté de théologie de l’Université catholique Andrés Bello de Caracas.
«À travers les différents personnages, le réalisateur nous transmet un puissant récit sur l’espoir, la beauté et la transfiguration dans le quotidien de nos vies.»
«La dignité, l’accomplissement du travail effectué avec application, mais aussi le respect à l’égard des autres et l’émerveillement face à la nature, dépeignent des valeurs universelles trop souvent déficientes dans nos sociétés contemporaines», ont-ils aussi mentionné.
Perfect Days présente le quotidien de Hirayama, un préposé au nettoyage des toilettes publiques de la ville de Tokyo. Interprété par Koji Yakusho (qui s’est mérité pour ce rôle le Prix d’interprétation masculine du Festival de Cannes), Hirayama vit seul, aime la nature, la lecture, la musique et la photographie.
«Alors que la répétition de son quotidien pourrait apparaître ennuyeuse et lassante, cet homme à l’esprit vif trouve de la joie chaque jour dans ses multiples rencontres avec d’autres et en étant un acteur de paix entre les générations. Avec une grande dignité, il s’épanouit dans son travail, et fait preuve d’un même respect à l’égard des personnes qu’il côtoie au fil de ses jours parfaits.»
Wim Wenders a déclaré être «très ému de recevoir ce prix parce qu’en effet, on a fait, pour ainsi dire, un film spirituel». Perfect Days «parle d’un homme pour qui tous les autres, toutes les plantes, tous les arbres et surtout la lumière sont sacrés».
Il a dédié son prix à «Hirayama, notre héros œcuménique». Wim Wenders a réalisé notamment Les Ailes du désir (1987), Paris, Texas (1984) et le documentaire Le pape François: Un homme de parole (2018).
C’est la troisième fois que Wim Wenders remporte le Prix du jury œcuménique. Ce prix du Festival de Cannes est attribué depuis 1974. Six jurés, trois de l’Église catholique et trois liés à des Églises protestantes, évaluent chacun des films présentés en compétition officielle. Ils récompensent chaque année «des œuvres aux qualités à la fois artistiques et humaines qui sondent la profondeur de l’âme et la complexité du monde, qui mettent en lumière la justice, la dignité humaine, le respect de l’environnement, la paix, la solidarité, la réconciliation, des valeurs de l’Évangile largement partagées dans toutes les cultures».
À ce jour, cinq films canadiens ont obtenu le Prix du jury œcuménique lors du Festival de Cannes. Ce sont J. A. Martin photographe (1977 – Jean Beaudin), Jésus de Montréal (1989 – Denys Arcand), De beaux lendemains (1997 – Atom Egoyan), Adoration (2008 – Atom Egoyan) et Juste la fin du monde (2016 – Xavier Dolan).
Samedi, une mention spéciale a aussi été accordée au film The Old Oak du britannique Ken Loach, «une peinture intense et bouleversante des problématiques de l’accueil de l’étranger, du populisme et de la solidarité au sein de communautés locales».