La renommée maison Sotheby’s pourrait prochainement vendre aux enchères la gigantesque toile du Cyclorama de Jérusalem de Sainte-Anne-de-Beaupré.
Le Cyclorama est l’une des plus anciennes attractions purement touristiques du Canada. Mis en place à Sainte-Anne-de-Beaupré en 1895, il était stratégiquement situé pour accueillir les pèlerins qui se rendaient à l’époque au sanctuaire en bateau. Le quai se prolongeait pour passer devant l’attraction, son magasin de souvenirs, et se poursuivait vis-à-vis ce qui est aujourd’hui la rue du Sanctuaire, devant la basilique.
La rotonde du Cyclorama accueille une toile géante de 110 mètres par 14 mètres du peintre allemand Bruno Piglhein réalisée pendant quatre ans et complétée à Munich en 1882. Elle serait – avec deux autres œuvres semblables – la plus grande peinture panoramique au monde. Elle offre un panorama de Jérusalem lors de la crucifixion de Jésus.
Le bâtiment, le terrain et la toile sont en vente au coût de 5 millions $, alors que la valeur du lot serait plutôt de 10 millions $. L’agent immobilier de Sotheby’s International Realty responsable de la vente, Martin Dostie, tente de vendre l’ensemble depuis l’automne 2016. En entrevue, il explique que devant l’absence d’acheteur intéressé, l’option d’une mise aux enchères de la toile est sérieusement considérée.
«On est en préparation pour la remettre à Sotheby’s Auctions. On envisage une vente à New York ou à Londres. On a fait des demandes et des recherches en conséquence», explique-t-il. «Sotheby’s démontre un gros intérêt. Des directeurs m’ont téléphoné à ce propos. Ils sont surpris qu’une telle toile soit sur le marché.»
Il s’attend à être fixé bientôt sur le processus de sélection de la maison d’enchères.
Une occasion pour la Ville?
Localement, M. Dostie ne s’attend pas à voir intervenir un gouvernement au nom du patrimoine. Il croit en revanche que la Ville de Sainte-Anne-de-Beaupré risque de se montrer ouverte devant les possibilités apportées par l’éventuelle vente.
Le directeur général de la Ville, Frédéric Drolet-Gervais, confirme toutefois que les autorités municipales n’ont pas encore de position officielle dans ce dossier.
«On va en discuter. Est-ce que la Ville va vouloir intervenir d’une manière? Ça reste à voir. Ce sont des investissements privés», dit-il. «C’est un symbole, un attrait touristique indéniable. Tout le monde connait la basilique, mais aussi le Cyclorama.»
Selon lui, la Ville pourrait être prête à s’adapter en matière de zonage advenant l’élaboration d’un «projet porteur intéressant». «Mais ça demeure un secteur limité pour les possibilités d’usage», précise M. Drolet-Gervais.
La famille Blouin est propriétaire du Cyclorama depuis plusieurs générations. C’est un manque de relève qui motiverait sa décision de vendre l’édifice. Personne au Cyclorama – ni la famille, ni le personnel – n’a accepté de répondre à nos questions au sujet de cette mise en vente.