La religieuse Thérèse Payer, l’infatigable promotrice de la cause de Jeanne Mance tant auprès des autorités civiles que religieuses, est décédée à la Maison des Hospitalières de Saint-Joseph, le 6 février 2020, à l’âge de 94 ans.
«C’est une grande page d’histoire qui se tourne», dit sa consœur Nicole Bussières, archiviste des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph.
Native d’Asbestos, Thérèse Payer entre, à l’âge de 23 ans, à la communauté de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, «attirée par la mission des Hospitalières, par le réconfort physique et spirituel qu’elles apportent à ceux qui sont malades». Elle prononce ses vœux perpétuels en 1953. Diplômée comme infirmière, elle sera nommée en 1965 à la Direction des soins infirmiers de l’Hôtel-Dieu de Montréal, un hôpital qui fait dorénavant partie du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).
Après avoir passé plusieurs années au service des malades, la religieuse Thérèse Payer prend ensuite la direction du Centre Jeanne-Mance et «lui donne un nouveau souffle», reconnaît l’archiviste. Elle sera aussi la fondatrice et la première directrice du Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal. «En tout, elle consacrera 34 années de sa vie à faire connaître et aimer Jeanne Mance.»
«Elle trouvait que cette femme, une laïque, qui était venue fonder l’Hôtel-Dieu pour le service des malades ainsi que Ville-Marie, qui est toujours demeurée ici, méritait d’être davantage reconnue.»
Ses nombreuses démarches ont porté fruit. En 2012, Sœur Payer était présente à l’hôtel de ville lorsque le conseil municipal a reconnu officiellement à Jeanne Mance «le titre de fondatrice de Montréal, à l’égal de Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve».
Puis, c’est en novembre 2014 que l’Église a reconnu les «vertus héroïques» de Jeanne Mance et l’a déclarée vénérable. «Ce fut pour elle une très grande joie de recevoir cette réponse de Rome», se rappelle sœur Bussières.
Une grande amie, ma mère spirituelle
«Jeanne Mance est certainement là pour l’accueillir». C’est la toute première image qui est venue à la tête de la cinéaste Annabel Loyola en apprenant le décès de cette religieuse, une «personne-clé» dans son cheminement personnel.
Elle se souvient de leur toute première rencontre. «C’était en 2006, au moment du 400e anniversaire de naissance de Jeanne Mance. J’assistais à cette conférence que donnait l’historien Jacques Lacoursière. J’ai alors réalisé que cette femme, qui venait de la même petite ville qui m’a vu naître et grandir, avait cofondé ce qui est devenue la deuxième ville francophone du monde. Ce fait majeur était resté dans l’oubli et moi-même qui venais de Langres, j’ignorais tout cela».
Abasourdie par ce qu’elle vient d’entendre, Annabel Loyola rencontre l’organisatrice de cet événement, sœur Payer. «Quand elle a appris que je venais de Langres, elle m’a prise dans ses bras». La cinéaste lui demande alors s’il existe un film qui raconte l’histoire de Jeanne Mance. «Non, m’a-t-elle répondu.» Et Annabel Loyola de lancer aussitôt: «Moi, je vais le faire ce film». Quatre ans plus tard paraissait son premier long-métrage documentaire La Folle entreprise, sur les pas de Jeanne Mance.
«D’abord une alliée pour la réalisation de ce film, sœur Payer est devenue une grande amie, je dirais même ma mère spirituelle», confie-t-elle. «Je suis heureuse d’avoir pu aller la saluer le matin même de son décès.»
Les funérailles de la religieuse Thérèse Payer ont lieu le vendredi 14 février 2020 à la chapelle de la Maison des Hospitalières de Saint-Joseph.
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