Le journaliste, éditorialiste, professeur et chroniqueur Jean-Claude Leclerc est décédé à Montréal le 14 janvier 2023. Il était âgé de 83 ans.
Un militant de la Jeunesse étudiante catholique (JEC), c’est au sein de la section de langue française de l’Action catholique canadienne (ACC) qu’il rencontre Claude Ryan. Devenu directeur du journal Le Devoir, ce dernier va l’engager comme chroniqueur aux affaires municipales.
«Jean-Claude était passionné par le journalisme. Pour lui, ce n’était pas qu’un métier, c’était une passion», souligne Jean-Pierre Proulx, un collègue journaliste qui a aussi cohabité avec lui et d’autres jeunes permanents de l’Action catholique, rue Saint-André, à Montréal.
«Il avait une obsession», indique son ami depuis plus de soixante ans. «Il voulait toujours aller au fond des choses. Et le mot qui revenait le plus souvent à ses lèvres était « enquête ».»
Toutefois, durant les années 1970 et 1980, les entreprises de presse ne menaient guère d’enquêtes journalistiques. «En ce sens, Jean-Claude aura été un précurseur. Il voulait que Le Devoir adopte une telle perspective. Mais il n’a pas eu de succès à l’époque.»
Jean-Pierre Proulx attribue cette «obsession» pour l’enquête journalistique au fait que bien avant l’arrivée d’Internet, Jean-Claude Leclerc lisait quotidiennement plusieurs journaux américains ainsi que The Globe and Mail, une tâche qu’il aura toujours fidèlement accomplie.
Très préoccupé par les questions sociales, Jean-Claude Leclerc était de «type frondeur», dit aussi son collègue qui se rappelle un moment particulièrement éprouvant. S’intéressant au sort des assistés sociaux de moins de 30 ans, Jean-Claude Leclerc a publié le 17 janvier 1985 un éditorial intitulé Qui donc est inapte?. Ce texte fut répudié le lendemain par la direction du journal. Jean-Pierre Proulx, alors président du syndicat des journalistes du Devoir, avait défendu son collègue et ami.
Après une carrière de plus de vingt ans au Devoir (1967-1990), Jean-Claude Leclerc a enseigné le journalisme à l’Université de Montréal.
Dans les années 2000, il est retourné à ce journal comme chroniqueur. On lui a confié une chronique hebdomadaire sur les affaires religieuses.
Quand Le Devoir lui demande, après seize années, d’écrire son dernier papier, Jean-Claude Leclerc devient chroniqueur pour Présence, un média spécialisé dans les questions religieuses fondé un an plus tôt. Il y signe son premier article le 14 novembre 2016 (Haro sur le modèle Dolan pour les victimes de pédophilie). Sa dernière chronique a été publiée le 6 mai 2020.
Le 24 mars 2020, il offre, dans Présence, un texte sur la toute récente «contagion du coronavirus». Jean-Claude Leclerc se montrait inquiet pour l’avenir.
«La pandémie et le combat pour en venir à bout laissent entrevoir, outre de grandes pertes humaines, des reculs économiques et sociaux considérables. Les secours publics et les accommodements sociaux atténueront dans l’immédiat le sort des individus et des entreprises, mais cela ne pourra pourvoir aux besoins plus longtemps si la pandémie se prolonge. La solidarité fait des miracles, certes, mais quel pays saura, sinon ramener une existence normale, du moins refaire la capacité d’affronter d’autres fléaux?», demandait-t-il.
Relire les chroniques de Jean-Claude Leclerc dans Présence.