La pièce Judas de Marcel Pagnol est diffusée en radiothéâtre dans les prochaines semaines sur la plateforme Zoom. La jeune metteure en scène de Québec, Myriam Bourget, a dû l’adapter sous cette forme, en raison de la pandémie.
«On était à une semaine des représentations, en mars 2020, quand la pandémie est arrivée! Disons qu’on s’est revirés sur un 10 cents dans les mois qui ont suivi en enregistrant la pièce, pendant un weekend intensif, tout en respectant les règles sanitaires», raconte Myriam Bourget.
«Ça a inclus beaucoup d’allers-retours à deux mètres de distance, beaucoup de Purell et des acteurs qui attendaient leur tour dans une tente», détaille-t-elle. Le radiothéâtre Judas réunit une vingtaine d’acteurs.
Thibault Lefebvre, qui incarne Pilate, qualifie l’expérience de véritable tour de force. «Il n’y a pas la dimension visuelle sur laquelle on peut s’appuyer. C’est assez difficile de faire une transition qui soit parfaite et fidèle, mais ça a été un beau moment fraternel», confie celui qui en est à une première expérience théâtrale.
«Pilate est un rôle assez fourni. Mon plus grand défi a été d’assurer une crédibilité pour mon personnage – un homme d’âge mûr – et d’avoir une bonne projection de voix. Le contexte historique nous plonge au cœur de nombreuses révoltes. J’ai donc abordé Pilate à mi-chemin entre un être blasé et colérique, doté d’une certaine sagesse», explique Thibault Lefebvre.
Judas, une «brebis perdue»
Pourquoi avoir choisi cette pièce, présentée pour la première fois à Paris, en 1955? «Judas m’a toujours intriguée. C’est un traître, mais aussi une brebis perdue. Jésus a dit qu’il est venu justement pour les brebis perdues. Dieu offre la rédemption pour tout le monde, et pourquoi pas Judas? Honnêtement, je ne sais pas s’il est rendu en enfer ou au ciel, mais avant de juger et condamner, peut-on faire place à la miséricorde?», s’interroge la metteure en scène.
Myriam Bourget se garde de vouloir former une troupe par le biais de cette pièce. Elle propose plutôt un espace de rencontre, inclusif, où chaque acteur a la possibilité d’évoluer comme personne. «Cela représente un parcours d’un an et demi pour les acteurs. On a débuté en septembre 2019. Mon objectif est de faire grandir la personne. (…) C’est par le théâtre que j’ai rencontré Dieu. Le théâtre, c’est l’art de la parole, de la présence, de l’incarnation. Je choisis des pièces qui suscitent la réflexion», détaille la diplômée de l’institut universitaire chrétien Philanthropos, en Suisse, spécialisé en anthropologie.
Myriam Bourget veut utiliser son bagage académique et ses années d’expérience dans le milieu théâtral – dans lequel elle baigne depuis son enfance – pour ses mises en scène. Elle en est à sa troisième production, après La boutique de l’orfèvre, du pape Jean-Paul II et Job ou la torture par les amis, de Fabrice Hadjadj. Une troupe de théâtre s’est formée (Les Joyeux Fracturés) dans le cadre de la pièce sur Job, mais un autre metteur en scène l’a repris pour l’amener vers une autre direction.
Le radiothéâtre Judas s’inscrit dans le parcours Saint-Thomas, de la paroisse Saint-Thomas-d’Aquin, où la production bénéficie de ses installations, sans toutefois être la troupe de l’église. «La majorité des acteurs sont catholiques, d’autres sont chrétiens évangéliques et certains ne sont pas du tout croyants. Mon but est de proposer un parcours humain, spirituel et artistique, dans la mesure de ce que les gens peuvent offrir», conclut Myriam Bourget.
Les représentations du radiothéâtre Judas sont accessibles gratuitement ici.
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