En France, le chanteur français cartonne. Véritable phénomène de la chanson française, il est le premier chansonnier chrétien à être signé par l’étiquette Universal. Ses deux derniers albums se sont vendus à plus de 30 000 exemplaires. Les médias profanes l’invitent à parler de sa carrière et de sa foi. Il a même écrit quelques livres, dont une biographie tirée à plus de 40 000 copies. Invité au Festival Rouah qui a eu lieu à Montréal les 2 et 3 juin, Grégory Turpin a offert une prestation à une foule clairsemée, mais enthousiaste. Présence l’a rencontré.
Une heure avant le lancement du Festival Rouah, Grégory Turpin et quelques musiciens québécois répétaient devant des passants pressés de rentrer chez eux ou d’envahir les bars du centre-ville. Il faut dire que le chanteur français n’a pas la même notoriété ici qu’en France. Pourtant, Grégory Turpin en est à sa troisième visite au Québec depuis 2015. «Les Français aiment bien le Québec!», lance-t-il pour expliquer ses récentes tournées en terre québécoise.
Plus sérieusement, le chanteur de 36 ans souligne qu’il ne tente pas d’abord de se faire connaître par le public québécois. «Je cherche à encourager les artistes d’ici.» Grégory Turpin veut leur faire comprendre que c’est possible d’être à la fois un chanteur à succès et un chrétien.
«La question n’est pas de savoir s’il faut être des chanteurs chrétiens. La question est de savoir comment on arrive à être chrétien dans n’importe quelle dimension de sa vie. Professionnellement, je suis chanteur. Le fait que je parle de Dieu, c’est là mon appel. Pour moi, ce sont deux choses différentes. Il faut se demander comment arriver à rendre notre vie cohérente afin de ne pas être des chrétiens du dimanche.»
C’est sans doute pour cela que Grégory Turpin est animateur dans l’aumônerie de sa paroisse. «Avoir un engagement local, c’est très important pour moi. Ce lien est important.» Outre son implication dans sa paroisse, le chanteur aide différentes associations porteuses de diverses causes. «Je donne beaucoup de concerts caritatifs. La cause des chrétiens d’Orient a été une de mes causes les plus importantes ces dernières années. Il y a beaucoup de causes qui me tiennent à cœur. Il faut les choisir pour qu’elles aient plus de poids. La notoriété n’est pas le but de ma vie. C’est un moyen. J’ai envie de la mettre au service des autres.»
«La notoriété n’est pas le but de ma vie. C’est un moyen. J’ai envie de la mettre au service des autres.»
Dans son plus récent album, Changer de vie, Grégory Turpin consacre une chanson aux chrétiens d’Orient. Par trois fois, le chanteur s’est rendu en Irak afin de chanter pour les chrétiens. «De mes rencontres je retiens la joie de l’Orient. Ils ont beau être déplacés ces gens, et vivre dans des camps, la joie est toujours présente. Avant le conflit, les chrétiens avaient de bonnes situations. Ce n’étaient pas des pauvres. Ils ont vraiment tout perdu. Je les admire beaucoup pour cela.»
Grégory Turpin est également très proche de la revue Limite, première revue francophone à promouvoir l’écologie intégrale. « Elle rassemble des gens de gauche et de droite, des chrétiens et des non-chrétiens. La revue Limite parle de l’humain dans son environnement. J’aime bien cette notion d’écologie intégrale. Le but n’est pas de préserver la nature comme si c’était un musée. Il faut aussi que l’être humain soit épanoui dans son environnement.»
Et les catholiques québécois, sont-ils épanouis? «Je sens que vous avez vécu quelque chose avec cette Révolution tranquille. Cela peut ressembler un peu à ce que nous avons vécu en 1905 avec la loi Combes. Pour nous, c’est quelque chose qui a été digéré, assimilé. Il est vrai que la France n’a pas toujours une vision de la laïcité qui est ajustée, mais en même temps il y a pas mal de choses qui ont été guéries et revues aussi. Je pense qu’au Québec vous êtes dans cette période douloureuse où on examine, on analyse ce qui a bien été, ce qui n’a pas bien été. Souvent, on oublie les belles choses. Cette période va s’étendre sur plusieurs générations.»
Cependant, lorsqu’il pose son regard sur les jeunes de l’Église catholique, Grégory Turpin se fait optimiste. «Ici quand les jeunes s’engagent ce n’est pas à moitié. Ils ne sont peut-être pas nombreux, mais leur engagement est beau. C’est un engagement qui est choisi, qui est voulu, qui est mesuré.»
Durant sa prestation, malgré le froid, la pluie, le vent et la fatigue, Gregory Turpin a partagé avec les jeunes qui, manifestement, appréciaient son style et sa franchise. Il a évoqué un possible retour sur les planches au Québec dès l’automne prochain.