L’archevêque d’Ottawa essuie les critiques de plusieurs catholiques agacés à la vue d’une araignée robotique géante perchée sur la cathédrale Notre-Dame.
Mgr Terrence Prendergast a déclaré qu’il était surpris par la réaction négative suscité par cette initiative artistique. Certains ont qualifié l’installation temporaire de l’araignée de «sacrilège», de «démoniaque» et d’«irrespectueuse» pour un lieu sacré.
Dans un courriel envoyé au Canadian Catholic News, il a fait valoir que le personnel de la cathédrale et lui anticipaient quelques critiques, mais qu’ils pensaient que ce serait «minime», car la présence de l’araignée près de la cathédrale n’avait rien de dégradant.
«Je regrette que nous n’ayons pas suffisamment compris que d’autres le verraient d’une manière aussi différente. Je dis à ceux qui sont choqué que je comprends que cela ait été troublant pour eux […].»
L’araignée baptisée Kumo, est un des deux robots géants créés par une compagnie de théâtre de rue basée à Nantes, en France. La société La Machine était à Ottawa du 27 au 30 juillet dans le cadre des célébrations marquant le 150e anniversaire du Canada.
Le spectacle des robots, accompagné de musique et d’effets spéciaux, a attiré des dizaines de milliers de personnes au centre-ville d’Ottawa.
L’ouverture du spectacle a eu lieu le 27 juillet en soirée, avec Kumo «se réveillant» à la musique d’orgue à l’intérieur de la cathédrale. Comme l’araignée, suspendue aux grues, prenait de la hauteur entre les clochers, une «neige» tombait grâce à des effets spéciaux.
Sur la page Facebook de l’archevêque, Diane Barlett a qualifié l’événement de «dérangeant, décevant et même honteux».
D’autres ont défendu la décision de l’archevêque.
«Le spectateur peut trouver la juxtaposition discordante; je crois que c’était censé l’être», a écrit Kris Dmytrenko. «Mais sacrilège? Allez, donnez une chance à votre archevêché. Cet engagement civique avec l’art rappelle le projet du Vatican avec le Parvis des gentils. La culture est un pont.»
La décision de participer au spectacle a été motivée par le désir de s’engager auprès de la population d’Ottawa, a déclaré Mgr Prendergast.
«Nous demandons à la ville d’obtenir des permis pour nos événements, et ils sont plutôt coopératifs», a-t-il déclaré. «Le chemin de croix du Vendredi saint nous permet d’avoir accès à des lieux publics (la Cour suprême, la Colline parlementaire, le square devant le Musée des beaux-arts du Canada), et la police nous escorte.
«Nous essayons d’être de bons citoyens, de bons voisins, et d’être coopératifs», a-t-il ajouté.
«Dans la mesure où nous y avons vu un symbole, c’était [qu’au terme de l’événement], Notre Dame continuerait de régner. C’est là quelque chose que j’ai mentionné dans un tweet juste après la performance du jeudi, alors que des personnes que je respecte ont commencé à faire part de leurs objections.»
Les organisateurs ont approché le personnel de la cathédrale l’année dernière. Ils voulaient positionner Kumo sur la cathédrale parce qu’elle se trouve en face du Musée des beaux-arts du Canada, qui présente une grande sculpture d’araignées appelée Maman, a précisé Mgr Prendergast. L’idée était de faire semblant que Kumo s’approchait de Maman.
«On a montré au personnel de la cathédrale d’autres cathédrales et bâtiments publics en Europe qui ont été utilisés [pour des démarches artistiques similaires», a déclaré l’archevêque. «Cela avait l’air plutôt innocent.»
Selon lui, l’idée était surtout de faire en sorte que l’Église d’Ottawa s’engage dans les festivités entourant le 150e de la Confédération.
«Beaucoup de gens, catholiques et autres, anglais et francophones, ont souligné à quel point ils étaient heureux que Notre-Dame ait participé à notre célébration du 150e anniversaire du Canada.»
Deborah Gyapong