C’est le 11 février 2013 que le pape Benoît XVI a surpris le monde entier et a annoncé sa démission, effective à la fin du mois, le 28 février.
Comme tous ses collègues cardinaux, l’archevêque de Buenos Aires, le cardinal Jorge Bergoglio s’est empressé de réserver un vol pour Rome afin de participer aux congrégations générales qui gèrent le Saint-Siège durant la vacance papale puis au conclave qui doit élire le successeur de Benoît XVI.
Le 27 février 2013, arrivé de Buenos Aires à bord du vol d’Alitalia AZ681, le cardinal Bergoglio s’est aussitôt rendu, non pas au Vatican, mais dans un grand immeuble romain, au 70 via della Scrofa, à deux pas de l’église Saint-Louis-des-Français et de la piazza Navona. C’est là, à la Domus Internationalis Paulus VI, que le cardinal d’Argentine réside lorsqu’il se trouve à Rome.
La chambre qu’on lui octroie est grande mais modeste, ce qui lui convient parfaitement. Située au deuxième étage, jouxtant l’ascenseur – lent mais très silencieux -, la chambre 203 compte trois pièces, dont une petite salle d’eau.
La porte d’entrée donne accès à une première pièce où se trouve un bureau, un divan, un petit téléviseur et un lit simple. Au mur, il y a un crucifix de Saint-Damien qui rappelle cette croix de la chapelle d’Assise où saint François a entendu une voix lui demander de «rebâtir sa maison en ruines».
En ouvrant les deux grandes portes au milieu de cet espace de travail, le visiteur découvre alors la chambre principale, tout aussi modestement meublée. À côté du grand lit, on trouve un prie-Dieu.
Jusqu’au début du conclave fixé au 12 mars 2013, le cardinal Bergoglio quitte sa chambre et la Domus pour se rendre au Vatican, un trajet qui lui prend quelque trente minutes. «Tous les matins, il enfile ses chaussures noires usées et marche dans les rues de Rome afin de se rendre aux réunions des cardinaux», raconte Beatrice Gormley dans son livre Pope Francis: The People’s Pope, paru en 2017.
«Il souffre en ce moment d’une douleur aiguë dans une jambe, mais il aime être dans la rue et se mêler aux gens ordinaires, comme il le faisait à la maison», ajoute l’auteure, rappelant que la chambre qu’il occupait à ce moment-là à la Domus était bien la 203.
Le 12 mars, le cardinal Bergoglio, comme tous les autres cardinaux de l’Église catholique, entre en conclave et prend place dans la chapelle Sixtine. Le lendemain, il sera élu pape et prendra le nom de François, le saint d’Assise.
Ayant dorénavant ses appartements au Vatican, le nouveau pape retournera néanmoins rapidement à la Domus Internationalis Paulus VI, révèle le journaliste suisse Arnaud Bédat dans son bouquin François, seul contre tous: enquête sur un pape en danger.
Il raconte que «le matin du 14 mars, lendemain de son élection, il prend son petit-déjeuner au rez-de-chaussée de la Maison Sainte-Marthe et distribue les croissants et petits pains au chocolat aux hôtesses de la réception».
«Peu après, il va payer lui-même sa note d’hôtel à la Maison internationale, au numéro 70 de la via della Scrofa à Rome, où il logeait avant le conclave, et en profite pour reprendre sa petite valise laissée dans sa chambre, la 203. Il saisit l’occasion pour saluer tout le personnel de la Domus Internationalis Paulus VI, qu’il connaît depuis plus de dix ans.»
Note de la rédaction – En visite à Rome au mois de juin, l’auteur de cet article a séjourné durant sept jours à la Domus Internationalis Paulus VI. Habituellement réservé, contraint à l’objectivité journalistique, il s’anime en racontant que la clé qu’on lui a tendue, à son arrivée à cette maison d’accueil, portait le numéro 203.
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