En cette année du 125e anniversaire de la naissance du peintre et graveur Rodolphe Duguay, plusieurs s’attendaient à ce que le Musée des religions du monde de Nicolet fasse une rétrospective de ses œuvres religieuses, reconnait Jean-François Royal, directeur de l’institution. Mais le musée voulait aller plus loin.
Ce grand maître et, selon le directeur, le «plus grand graveur que le Canada ait jamais connu», a commis des œuvres qu’on peut lier soit à l’art sacré, soit au monde profane. Se concentrer sur un seul aspect «n’aurait pas rendu justice à l’ensemble de son œuvre», suggère M. Royal.
Dualité
L’exposition Rodolphe Duguay, du paysage en prière affiche donc, jusqu’au 12 septembre, 71 œuvres de l’artiste nicolétain. Trente-cinq – la moitié – représentent des paysages ou des scènes profanes. Les 36 autres sont des œuvres religieuses.
«Lui-même a longtemps entretenu cette dualité», explique Jean-François Royal. «Dans ses mémoires et dans ses écrits, il se questionne constamment: suis-je un peintre du religieux ou suis-je un peintre du paysage?»
«Rodolphe Duguay a finalement réalisé qu’il était les deux», dit le directeur du musée.
«Ce n’est pas parce qu’on peint une aurore boréale qu’on ne peut pas trouver, dans ce tableau, une présence spirituelle. Et il ne suffit pas de peindre une Sainte Vierge ou une Fuite en Égype pour en faire une œuvre religieuse.»
L’exposition, qui en est à ses premiers jours, incite les visiteurs à prendre position sur l’artiste. Après avoir vu ces huiles, fusains et gravures, «comment définissent-ils Rodolphe Duguay. Est-ce un artiste du profane ou du religieux?»
Des cieux intenses
Le directeur du Musée des religions du monde de Nicolet le répète volontiers. Il n’est pas originaire de la ville où il travaille désormais. «Mais j’ai d’abord apprécié et connu Nicolet par les œuvres de Rodolphe Duguay.»
«Ce qui m’a toujours impressionné chez cet artiste, ce sont les cieux qu’il a peints. Ils sont colorés, intenses. Et c’est ce que l’homme a admiré tous les jours de sa vie», lui dont la maison où il est né et l’atelier où il a œuvré toute sa vie étaient situés tout près de la rivière Nicolet et de l’embouchure du lac Saint-Pierre.
Les peintures et gravures présentées jusqu’en septembre sont des «œuvres qui ont peu sorti» et sont peu connues du public. Plusieurs appartiennent à des collectionneurs privés, dit Jean-François Royal.