Un bandeau d’avertissement orne depuis trois semaines la page que l’encyclopédie collaborative Wikipédia consacre au cardinal Marc Ouellet.
«Les contributeurs sont tenus de ne pas participer à une guerre d’édition sous peine de blocage», lance-t-on d’abord avant de préciser que la page du cardinal québécois «a subi récemment une guerre d’édition où plusieurs contributeurs ont annulé leurs modifications les uns les autres».
Sur Wikipédia, des contributeurs autorisés peuvent modifier les articles déjà en ligne aussitôt qu’une nouvelle information est publiée ou qu’un événement survient. Par exemple, dès qu’une vedette décède, il n’est pas rare que sa page soit corrigée quelques minutes après qu’un média reconnu ait confirmé la nouvelle.
Mais annuler sans raison majeure et de manière répétée les modifications d’autres contributeurs peut-être considéré comme un «comportement non collaboratif». Dans le cas de la page sur Marc Ouellet, Wikipédia indique que des contributeurs ont récemment violé la «règle des trois révocations» qui stipule qu’un individu «ne peut effectuer trois révocations ou davantage sur tout ou partie d’un article sur une durée de 24 heures consécutives».
En examinant l’historique des modifications apportées au contenu de la page du cardinal, on constate que les 23 et 30 janvier 2023 ont été des journées particulièrement occupées pour les rédacteurs qui alimentent la biographie de l’ex-archevêque de Québec.
23 janvier
Le 23 janvier, le jour où le cardinal a nié tout comportement répréhensible à l’égard d’une femme qui avait déposé contre lui une plainte d’inconduite sexuelle, pas moins de 15 modifications ont été insérées ou annulées dans la page Wikipédia appelée «Marc Ouellet».
La premier ajout de la journée indique que «la revue Golias Hebdo mentionne l’existence d’une autre plainte à l’encontre de Marc Ouellet» et que «le cardinal Gérald Lacroix a transmis celle-ci au pape, en septembre 2020». Puis, un autre contributeur ajoute que «deux femmes l’accusent d’agression sexuelle» et que «le cardinal Marc Ouellet nie tout comportement répréhensible». Au terme de plusieurs corrections, on a biffé le qualificatif «répréhensible» (pourtant utilisé par les avocats du cardinal) et adopté le terme «inapproprié» pour la seconde plainte. «Cette plainte a été classée sans suite», a-t-on ensuite écrit avant de préciser que «comme pour la première plainte, Marc Ouellet nie tout comportement inapproprié à l’égard de cette femme.»
30 janvier
Une semaine plus tard, quand le pape François a accepté la démission du cardinal à titre de préfet du dicastère pour les évêques, on a assisté à une nouvelle surenchère de modifications. Vingt-trois corrections ont été faites en moins de 12 heures. Elles concernent principalement la raison de sa démission.
Un auteur a écrit qu’accusé d’agression sexuelle, le cardinal Ouellet, «suite à cela», a démissionné de sa fonction de préfet du dicastère pour les évêques. Il a plutôt remis sa démission en raison de son âge, a rapidement corrigé un autre contributeur. D’autres ont tenu à préciser que, si sa démission a bien été acceptée par le pape, elle ne prendra effet qu’en avril, à l’arrivée de son successeur.
Au moment de publier ces lignes — mais qu’en sera-t-il demain? — , la page Wikipédia consacrée au cardinal Ouellet stipule, sous le bandeau d’avertissement de «guerre d’édition», qu’«accusé d’agressions sexuelles par deux femmes, [le cardinal Marc Ouellet] démissionne de sa fonction de préfet en janvier 2023, officiellement pour atteinte de la limite d’âge».