Le drame historique Les innocentes d’Anne Fontaine jette un regard à la fois cru et lumineux sur le viol, dans un couvent de Pologne, d’une quinzaine de religieuses bénédictines par des soldats soviétiques en 1945.
Signé par Sabrina Karine et Alice Vial, le scénario de Les innocentes est librement inspiré des exploits de Madeleine Pauliac, une jeune docteure française qui travaillait pour la Croix-Rouge en Pologne à la toute fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Le film d’Anne Fontaine met en scène non pas Madeleine Pauliac mais plutôt un personnage fictif, Mathilde Beaulieu (Lou de Laâge), une jeune femme athée, issue d’une famille ouvrière ouvertement communiste. En décembre 1945, des religieuses accourent alors vers elle pour lui demander de voler au chevet d’une consoeur… enceinte et dont l’accouchement est difficile. Mathilde doit alors effectuer une césarienne afin de sauver la vie de la jeune bénédictine et de son bébé. Elle apprend alors le drame horrible vécu par les religieuses.
Quelques mois plus tôt, la guerre faisait encore rage en Pologne. L’Union soviétique poursuit alors sa conquête de la Pologne afin de mettre un terme à l’occupation nazie. C’est dans ce contexte que des soldats russes débarquent dans ce monastère où ils violent une quinzaine de religieuses. Sept d’entre elles se retrouvent enceintes; l’abbesse du couvent (Agata Kulesza) contracte la syphilis.
En mettant les pieds dans ce couvent, Mathilde fait la rencontre d’une communauté isolée, accablée, tétanisée par la peur et en proie à une crise spirituelle. Leur drame devient une source d’angoisse spirituelle, elles qui ont fait vœu de chasteté.
Un film dur mais lumineux
Les innocentes jette un regard cru mais lumineux sur le drame vécu par ces religieuses. Il aborde avec finesse et intelligence un dilemme moral quasi insurmontable. Comment porter assistance aux rescapés — femmes et enfants — de viols de guerre? Comment trouver la force de continuer à croire devant ces malheurs?
Malgré la dureté du sujet et la franchise du traitement, Les innocentes se garde de tout exhibitionnisme. Anne Fontaine parvient à insuffler un supplément d’âme dans son film. Le rythme de l’intrigue est lent et se conclut sur une note positive.
D’après Catholic News Service
Trad. et adapt. F. Barriault, pour Présence