Il a signé, durant de nombreuses années, la chronique la plus populaire de la Revue RND, une publication distribuée gratuitement dans toutes les caisses populaires du Québec et du Nouveau-Brunswick. L’auteur du Franc-parler du Vieux Médée, Paul Desaulniers, un père de la congrégation des Missionnaires du Sacré-Cœur, est décédé le 11 novembre 2020, à l’âge de 80 ans.
Ordonné prêtre en 1966, le père Desaulniers, «tout au long de sa vie, aura été un novateur dont la pensée et l’action ont été influencées par les puissants courants rénovateurs des années 1960, soit les conciles du pape Jean XXIII dans le domaine religieux et la Révolution tranquille dans la société civile», indique la notice annonçant son décès.
Peu après son ordination, il est nommé à la direction de la publication de sa congrégation, alors appelée Les Annales de Notre-Dame du Sacré-Cœur. Il transformera profondément cette revue religieuse, dont les premiers numéros paraissent dès 1903. Sous sa gouverne, la publication mensuelle change de nom et présente des dossiers sur des questions sociales, politiques, économiques et religieuses. Au terme de chaque dossier, qui occupe la moitié de la revue, les lecteurs trouvent toujours un long entretien avec un spécialiste. Devenue un moment la Revue Notre-Dame du Sacré-Cœur, elle sera rapidement renommée Revue Notre-Dame puis tout simplement RND. Cette publication a cessé de paraître en 2014. Elle portait alors le nom d’Idées, un titre adopté en 2012.
Le directeur Paul Desaulniers y rédige durant plusieurs années la chronique Le franc-parler du Vieux Médée, qui offre les réflexions d’un sage sur la thématique présentée dans chaque numéro de la revue. Le nom de l’auteur de cette chronique n’est toutefois jamais mentionné. «Il a écrit son premier texte, du nom de son grand-père [Amédée Desaulniers], en 1968», confirme Danielle Hébert, la dernière directrice de la revue.
«Beaucoup d’abonnés ont quitté les rangs lorsque la Revue Notre-Dame du Sacré-Cœur a pris, sous Paul Desaulniers, un virage, disons, novateur. Ce n’était plus une revue aussi religieuse qu’avant», raconte Danielle Hébert, qui a œuvré à différents postes à la revue, de 1980 jusqu’à sa fermeture.
Afin de contrer la baisse des tirages, Paul Desaulniers et le frère Thomas Maurais, son adjoint à l’administration et aux relations publiques, proposent aux caisses populaires Desjardins un partenariat inusité, rappelle Danielle Hébert. Chaque gérant de caisse populaire du Québec et du Nouveau-Brunswick, rencontré individuellement une fois par année, s’engage à acheter un certain nombre d’exemplaires de la revue, à bas prix, et à les offrir gratuitement aux membres de leur coopérative d’épargne, alors nombreux à s’y présenter afin de déposer leurs chèques de paie et de payer leurs factures. La RND, grâce à ce partenariat, atteindra, en 1990, un tirage de 150 000 exemplaires.
«Paul Desaulniers avait le titre de directeur, mais ce n’était pas un homme directif», dit-elle de celui qui l’a engagée il y a 40 ans. «C’était même un homme brouillon, mais qui savait s’entourer des bonnes personnes. Il aimait imaginer des projets, les mettre en branle.»
C’était aussi un homme qui souhaitait des changements dans l’Église catholique. «Il ne voulait pas brusquer les gens mais il espérait de l’ouverture. Je me souviens d’un numéro qu’on a fait sur le baptême. On disait qu’il était possible d’attendre avant de faire baptiser son enfant. Ça avait rué dans les brancards, je te jure.»
En 1969, Paul Desaulniers sera l’un des fondateurs de l’Association canadienne des périodiques catholiques. À deux reprises, il sera le président de cette association, devenue l’Association des médias catholiques et œcuméniques. Il participera aussi à la fondation, en 1970, du Centre Viréo, une maison de production de documents audiovisuels pour les services de pastorale et l’animation scolaire.
Les Missionnaires du Sacré-Cœur indiquent que le vendredi le 27 novembre, une liturgie de la Parole sera célébrée. Paul Desaulniers sera ensuite inhumé au cimetière Notre-Dame-de-Belmont de Québec.
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