Le temps d’un café, Daniel Amar, le nouveau directeur général du Musée de l’Holocauste Montréal, discute des projets qu’il souhaite mener à terme. Il entend bien poursuivre le travail réalisé ces dernières années afin de faire du musée qu’il dirige «l’une des signatures de Montréal». Ex-directeur général de l’aile québécoise du Congrès juif canadien, conseiller de deux premiers ministres du Québec, Daniel Amar est entré officiellement en fonction le 3 janvier 2019.
Présence: Est-ce toujours pertinent d’avoir à Montréal, en 2019, un musée qui soit consacré à l’Holocauste?
Daniel Amar: Pertinent, oui. Et plus que jamais. Voyez l’actualité, voyez ce qui se passe dans le monde. Plus que jamais, nous devons sensibiliser et informer les jeunes, et aussi les moins jeunes, sur l’importance de lutter contre toutes les formes de discrimination, l’importance de militer pour la tolérance, pour le dialogue, pour le respect.
Nous nous adressons à tous les jeunes et à tout le monde, sans distinction de race, de couleur ou de religion. Tout le monde est concerné par ce message d’ouverture et de dialogue. Notre musée veut porter ce message: nous sommes tous différents, mais égaux.
Lors de votre engagement, on vous a confié un mandat majeur, celui d’un prochain déménagement pour le musée. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?
Nous avons des ambitions. Des ambitions confirmées par le fait que notre musée est de plus en plus fréquenté. Nos espaces sont étroits, petits. On souhaite agrandir, doubler même la superficie pour la présentation de notre exposition permanente. On veut aussi offrir un centre de recherche et de documentation afin que des universitaires puissent y travailler et accéder à nos collections d’artéfacts et de témoignages.
Nous avons aussi l’ambition d’être, non pas dans un campus excentré, mais beaucoup plus proche du centre-ville afin de faire partie du circuit des musées. Cela nous permettra d’accroître la fréquentation du musée et sans doute d’enrichir l’offre culturelle de la Ville de Montréal au niveau touristique.
Plusieurs endroits sont à l’étude, tous dans la région du centre-ville. Nous en sommes aux études de préfaisabilité. Des décisions pourraient être prises bientôt, peut-être même d’ici un ou deux mois, à moins qu’aucun site ne soit retenu.
Un aspirant directeur général mentionne sans doute, lors de son entrevue d’embauche, des initiatives ou des projets qu’il aimerait bien réaliser s’il était choisi. Vous en aviez quelques-uns à proposer au comité de sélection?
J’ai partagé, dès mon arrivée, des projets avec mes collègues. En voici un: une mission à Auschwitz pour des jeunes Québécois, afin qu’ils puissent voir de visu les lieux. Ce serait une mission de mémoire.
En voici un autre: Amnon Weinstein, un luthier de Tel-Aviv, a consacré sa vie à restaurer des violons qui ont appartenu à des gens qui ont disparu durant la Shoah. Après leur restauration, il propose les violons lors de concerts afin de rendre hommage aux musiciens disparus. Nous aimerions qu’Amnon Weinstein puisse venir ici, avec cinq ou six violons, et qu’il les confie à des violonistes québécois. Ce concert, Les violons de la Shoah, rendrait hommage à ces musiciens et arracherait des sons à ces instruments afin d’exprimer la douleur vécue par leurs propriétaires.
Nous en sommes aux balbutiements dans nos contacts avec les orchestres de Montréal. Mais j’espère vraiment que ce projet puisse se réaliser.
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