Le Québec désigne Marie Guyart, dite Marie de l’Incarnation, comme «personnage historique». Le ministre de la Culture et des Communications, Luc Fortin, en a fait l’annonce lundi.
Il a aussi indiqué que cinq lettres rédigées par la fondatrice et la première supérieure du monastère des Ursulines de Québec, font l’objet d’un avis d’intention de classement en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.
Désigner Marie Guyart comme personnage historique «est un geste de commémoration, mais aussi une marque de respect et de reconnaissance envers celle qui a fondé la première école pour jeunes filles en Amérique du Nord. Il rappellera aux générations futures le rôle majeur, à la fois humanitaire et pédagogique, que cette femme de courage et de foi a joué aux premiers temps de la Nouvelle-France», a indiqué le ministre Fortin.
C’est évidemment «une joie d’apprendre que Marie de l’Incarnation est reconnue publiquement comme un personnage marquant de notre histoire», indique au téléphone sœur Cécile Dionne, quelques heures après l’annonce ministérielle.
«Nous, nous le savions depuis longtemps. Et beaucoup de personnes avaient déjà reconnu la place qu’elle occupe dans l’histoire du Québec», confie la supérieure générale des Ursulines de l’Union canadienne.
«Mais que le ministre de la Culture en fasse une désignation publique, à l’occasion du 345e anniversaire de son décès, c’est un grand bonheur et une consolation», dit-elle.
«C’est aussi une reconnaissance du travail que cette femme a réalisé dans des conditions qui étaient celles du XVIIe siècle», ajoute la religieuse ursuline.
«Marie Guyart a été une femme d’audace. Que ce soit reconnu et valorisé au moment où on cherche à mettre en valeur le travail des femmes dans le monde de l’éducation, c’est heureux pour nous et pour le Québec», dit la supérieure générale. «Ce matin, j’ai rencontré les supérieures du monastère de la rue du Parloir, où est le tombeau de Mère Marie de l’Incarnation, afin de leur partager cette nouvelle.» La supérieure générale entend aussi rédiger une lettre à propos de cette désignation «pour toutes les ursulines de l’Union canadienne, ainsi que celles de France et d’Asie qui sont en lien avec nous».
Cinq lettres seront classées
Le ministre Fortin a aussi annoncé que cinq lettres rédigées par Marie de l’Incarnation, «les seules à être conservées au Québec», font l’objet d’un avis d’intention de classement.
Écrites entre 1645 et 1670 – Marie Guyart est décédée à Québec le 30 avril 1672 – ces lettres, de nature administrative, sont conservées au monastère des Ursulines de Québec. Elles ont été acheminées au gouverneur Charles Huault de Montmagny, au jésuite Jérôme Lalemant, au notaire Guillaume Andouart de Saint Germain, ainsi qu’à un autre jésuite, Paul Ragueneau, procureur à Paris de la mission du Canada.
Une cinquième lettre de Marie de l’Incarnation – «plus proche de notre vie communautaire», dit sœur Cécile Dionne – a été envoyée en 1670 à Cécile de Saint-Joseph, la supérieure des Ursulines de Mons, en Belgique. En 2014, lors du 375e anniversaire de l’arrivée des Ursulines en Nouvelle-France, les ursulines françaises ont décidé de retourner cette lettre au Québec «pour qu’elle fasse partie de nos trésors», raconte la supérieure générale.
On estime qu’au cours de sa vie, Marie Guyart aurait rédigé environ 13 000 lettres, dont 10 000 au cours de ses 32 années passées au Canada. De ce nombre, indique le ministère de la Culture et des Communication, «moins de 300 lettres sont connues grâce à des retranscriptions, et seulement 13 lettres originales existent encore, dont les cinq qui sont conservées au monastère des Ursulines de Québec».
Marie de l’Incarnation a été proclamée sainte en avril 2014 par le pape François.