Dans l’ouvrage collectif La face cachée du cours Éthique et culture religieuse qu’il codirige avec Normand Baillargeon, Daniel Baril s’en prend vigoureusement au programme implanté en 2008 dans toutes les écoles de la province.
«Tout l’aspect critique de la religion est évacué du cours. C’est de la complaisance mur à mur! Toutes les religions sont réputées pacifiques. On dit qu’elles ont toujours de bonnes relations mutuelles. Or, ce n’est pas ce que nous constatons aujourd’hui!», lance Daniel Baril.
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«J’ai examiné une vingtaine de volumes scolaires publiés dans le cadre du programme. J’ai même pris la peine de varier les éditeurs. Page après page, on formate les cerveaux à la pensée religieuse. Il n’y a aucun recul critique», déplore celui qui milite au sein du Mouvement laïque québécois.
Daniel Baril en veut particulièrement au syncrétisme qui, selon lui, se dégage des volumes étudiés. «On présente aux enfants un buffet de religions en leur disant: « Remplissez votre assiette de toutes les croyances possibles. »»
«Nous pourrions le remplacer par rien du tout!»
Contrairement à ce qu’affirment les promoteurs du programme Éthique et culture religieuse, l’essayiste est d’avis qu’il s’agit en fait «d’un cours qui transmet des croyances».
«On a maintenu les éléments de croyances religieuses qui étaient présents dans les cours d’enseignement religieux protestants et catholiques et l’on a ajouté ceux partagés par l’islam, par le bouddhisme, par le judaïsme, par les Amérindiens et, au secondaire, par le parareligieux comme les chakras, le pendule, l’astrologie. Les promoteurs apprennent aux enfants à penser de manière religieuse et à développer une foi religieuse à partir du buffet qui leur est offert», poursuit-il.
Selon lui, il faut rejeter le volet religieux de ce programme. «Nous pourrions le remplacer par rien du tout! Gardons seulement le volet éthique. Pour moi, l’éthique qui est proposée est basée sur l’ensemble des chartes des droits et libertés. Cependant, tous ces concepts sont contredits par le volet culture religieuse, surtout en matière d’égalité homme-femme et de liberté de conscience.»
Daniel Baril espère qu’un jour l’enseignement sur les religions se réalise uniquement lors du cours d’histoire. «Le cours d’histoire a presque été éliminé du cursus scolaire alors que le programme Éthique et culture religieuse est enseigné dès la première année jusqu’en secondaire 5. C’est démesuré!»
Il se défend toutefois de vouloir propager l’ignorance en matière religieuse. «Les auteurs du collectif ne sont pas pour l’ignorance. L’information sur les religions, nous sommes bien d’accord avec le fait que l’école doit en donner aux élèves, mais de manière critique.»
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Daniel Baril et Normand Baillargeon (dir.)
La face cachée du cours Éthique et culture religieuse
Leméac, Montréal, 2016
296 pages