Quatre adolescents et jeunes adultes, âgés entre 15 et 20 ans, racontent à la caméra leurs difficultés à trouver leur place dans la société et, surtout, leur souhait, inassouvi mais urgent, de donner un sens à leur existence.
Delphine Piperni, réalisatrice du documentaire Les grandes soifs présenté dimanche dernier aux Rendez-vous du cinéma québécois, estime que les jeunes d’aujourd’hui, pour qui «tout est possible, mais rien n’est certain», souffrent d’un immense vide spirituel.
«Ils cherchent un sens dans une société qui ne leur donne pas d’outils», a-t-elle dit avant la projection de son documentaire devant une salle comble.
«Aller boire des cafés tous les samedis au Second Cup avec mes petites amies d’Outremont, je ne vois pas trop ce qui est magique là-dedans», déplore Jeanne, 17 ans. Pour découvrir son essence, elle ira vivre une expérience de solitude dans un désert des États-Unis.
Kevin, lui, entend se réaliser dans les arts, tandis que Francesca, une jeune autochtone, se dit enfin prête à découvrir la spiritualité de ses ancêtres. Quant à Marie-France, 15 ans, elle participe à un week-end chez les Cursillos, un mouvement catholique, afin de soutenir sa foi en Dieu, une foi adulte et non plus liée à sa seule famille.
Un pont entre deux mondes
Immédiatement après la projection du documentaire de Delphine Piperni, c’est Pascal Gélinas qui présentait son nouveau film, Un pont entre deux mondes.
Il raconte l’histoire du Québécois Gilles Raymond qui s’est établi sur l’île de Florès, en Indonésie, au tournant de l’an 2000 et qui y mène depuis «une bataille pour vaincre la pauvreté».
Originaire de Donnacona, Gilles Raymond est connu pour son engagement dans les Opération Dignité, un mouvement qui voulait empêcher la fermeture de villages entiers de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent au début des années 1970. Dans le documentaire de Pascal Gélinas, on le voit parcourir encore des villages, en Indonésie cette fois, afin de rencontrer des paysans pauvres pour les inciter à se regrouper en coopératives.
Le programme Otonomi qu’il anime maintenant sur l’île de Florès permet à des familles de tirer des revenus importants grâce à la culture du gingembre. Le programme, qui rassemble des paysans musulmans et catholiques, a l’appui de Caritas Florès, de l’archidiocèse de l’endroit et de plusieurs Québécois qui ont consenti des prêts d’honneur de 2 200 $ aux familles, des prêts qui doivent être remboursés en sept ans.
Longtemps réalisateur à Radio-Canada, Pascal Gélinas est l’auteur de Gratien Gélinas, un géant aux pieds d’argile, un documentaire sur son père, et du documentaire biographique Huguette Oligny, le goût de vivre, sur cette comédienne qui épousera en 1973 Gratien Gélinas, devenu veuf. En 2007, il réalise Le porteur d’eau, un premier film sur Gilles Raymond et son travail en Indonésie.
Pascal Gélinas se disait dimanche très heureux que son documentaire sur les paysans de l’île de Florès soit présenté en même temps que Les grandes soifs de Delphine Piperni. «Les deux films parlent de la quête de sens. Dans un, on a des jeunes qui cherchent un sens à leur vie. Dans l’autre, on trouve des adultes qui ont accompli un certain cheminement, qui s’investissent à aider les autres».
Le documentariste souligne une autre ressemblance. Les deux films ont obtenu une subvention de la Fondation canadienne de la vidéo religieuse, un organisme qui finance des productions audiovisuelles. La Fondation est présidée par Mgr Francois Lapierre, évêque de Saint-Hyacinthe.
Dimanche, l’émission Second Regard de Radio-Canada présentera des extraits du documentaire Les grandes soifs. La réalisatrice Delphine Piperni discutera de sa démarche avec l’animateur Alain Crevier.