Sœur Madeleine Juneau, directrice générale de la Maison Saint-Gabriel, est tout sourire ce mardi 13 mars 2018. Aux côtés de la mairesse Valérie Plante, elle dévoile le projet d’une œuvre d’art public intitulée Leurs effigies qui sera installée à l’automne 2019 sur la place des Commencements, à l’extrémité sud de la jetée Alexandra du Port de Montréal.
La religieuse a de quoi se réjouir. Sa ténacité a porté fruit. C’est elle qui a initié puis multiplié les démarches auprès de l’ancien maire Denis Coderre pour que Montréal honore, lors de son 375e anniversaire, Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys et Marguerite d’Youville ainsi que les trois congrégations religieuses auxquelles ces femmes sont associées. Les autorités municipales ont acquiescé à sa demande en mai 2017 et ont aussitôt lancé un concours pour l’acquisition d’une œuvre d’art monumentale. Mardi, Madeleine Juneau, membre du comité de sélection au nom des communautés religieuses, dévoilait l’œuvre projetée ainsi que le nom de l’artiste lauréat.
Signée par Yann Pocreau, la sculpture, d’une hauteur de 16 mètres et d’une largeur de 17,3 mètres, sera composée de longues arches en acier, recourbées afin d’imiter le contour des portraits de Jeanne Mance, de Marguerite Bourgeoys et de Marguerite d’Youville tels qu’ils apparaissent dans l’Histoire des Canadiens-français, 1608-1880, une œuvre de l’historien Benjamin Sulte (1841-1923). Au faîte de la structure, les arches seront reliées par deux voiles de cuivre. La sculpture projetée sera visible à toute heure et en toute saison, explique le Bureau d’art public de la Ville de Montréal.
Célébrer un héritage
«La place des Commencements sera pourvue d’une œuvre contemporaine monumentale qui salue l’engagement de trois pionnières qui ont marqué le développement de Montréal et qui ont été, et continuent d’être, une source d’inspiration incroyable pour des générations de femmes issues de tous les domaines», a déclaré la mairesse Valérie Plante lors du dévoilement.
«Je suis immensément fier» d’avoir «la chance de signer une œuvre monumentale pour célébrer l’héritage de trois grandes pionnières qui ont dessiné les valeurs profondes de notre métropole», a dit l’artiste Yann Pocreau, âgé de 38 ans, dont l’œuvre a été choisie parmi cinq candidatures.
Passionné d’histoire, Yann Pocreau dit avoir beaucoup lu sur ces trois femmes qui «ont tant fait dans les domaines du développement social, de l’accès aux soins de santé et à l’éducation». Dans le projet soumis au concours, il explique avoir voulu unifier les trois portraits afin de refléter la «question du communautaire», une préoccupation constante des trois pionnières et qui fait encore aujourd’hui partie «des valeurs des Montréalais et des Montréalaises».
«À l’intérieur des arches, il y aura des miroirs pour que les gens puissent se voir et qu’ils se projettent dans ces portraits».
«Le communautaire, la collégialité, l’autre, ça fait partie de notre ADN et cela nous a été légué» par ces femmes, dit-il, ajoutant que c’est ce qu’il veut à son tour partager par l’œuvre qu’il réalisera.
Les portraits et biographies de Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys et Marguerite d’Youville seront gravés au laser à l’intérieur des voûtes.
Installation
La sculpture sera installée à l’automne 2019. Mais sa réalisation ne pouvait pas débuter avant le dévoilement du 13 mars. «Je prends la journée pour encaisser le coup», dit l’artiste qui ajoute «aborder ce projet avec énormément de sérieux et d’enthousiasme».
«En termes de dimensions, de budget, d’emplacement symbolique, oui, c’est un des plus grands défis que j’aurai à relever», reconnaît-il. «Je me mets au travail dès demain.»
Co-fondatrice de Montréal, Jeanne Mance est liée aux Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, tandis que Marguerite Bourgeoys et Marguerite d’Youville sont les fondatrices respectives de la Congrégation de Notre-Dame et des Sœurs de la Charité de Montréal, dites Sœurs grises. Marguerite Bourgeoys (en 1982) et Marguerite d’Youville (1990) ont été canonisées par le pape Jean-Paul II.