«À 18 ans, tombé dans la rue. J’étais tout seul, j’étais perdu. Ma vie était un éternel déluge. J’voyageais d’auberges en refuges»», chante Anarky, un jeune qui fréquente l’organisme Dans la rue. La pièce Miséricordieux, qu’il a écrite et dont il signe la musique, remercie le fondateur de Dans la rue, Emmett Johns, un prêtre montréalais davantage connu sous le surnom de Pops.
Miséricordieux est l’une des douze chansons que l’on trouve sur ce CD hommage intitulé Pops Culture. Chacune des pièces de l’album est le fruit d’une collaboration entre des jeunes qui utilisent les services de l’organisme et des artistes établis.
C’est le chanteur Damien Robitaille qui joint sa voix à celle d’Anarky. Les deux entonnent ce refrain: «Pops je ne t’ai jamais rencontré. Mais tous les jours, j’ressens ta bonté. Grâce à toi, j’ai expié mes fautes. Comme toi, j’ai envie d’aider les autres».
«Deux êtres de différents milieux se rencontrent autour d’une feuille blanche et ressortent en quelques heures avec un belle chanson. C’est infiniment inspirant», a dit l’auteur-compositeur et interprète Damien Robitaille lors du lancement de Pops Culture.
Cet album «prouve que le père Johns a réussi à façonner le destin de plusieurs générations de jeunes, grâce à sa vision, sa générosité et la force de son engagement», a dit Cécile Arbaud, directrice générale de Dans la rue.
C’est en 1988 qu’Emmett Johns achète un véhicule motorisé usagé qui sillonne les rues du centre-ville de Montréal durant la nuit. Il offre de la nourriture, des vêtements et un peu de réconfort aux jeunes sans-abri ou en situation précaire qui se présentent à La Roulotte. L’œuvre du Bon Dieu dans la rue est née ainsi. Le père Pops est aussi surnommé, dans les milieu religieux, l’aumônier officiel des itinérants.
Emmett Johns a pris sa retraite il y a quelques années. Mais le travail auprès des jeunes sans-abri se poursuit. Le plus récent rapport annuel de Dans la rue indique que La Roulotte a reçu 17 000 visites lors de ses sorties nocturnes. Elle se veut toujours «un répit temporaire de la rue et elle est le premier palier d’un long processus de construction d’une relation de confiance avec les jeunes marginalisés».
Avec le CD Pops Culture, «on voulait permettre aux jeunes de remercier Pops», dit Caroline Dufour, directrice des services aux jeunes. «Comme il a toujours aimé la musique, ce projet a pris forme».
Elle s’est rendu à la maison de retraite où vit dorénavant le prêtre pour lui remettre l’album qui lui rend hommage. «Il était émerveillé du résultat», dit-elle. «Il n’en revenait pas que ce CD avait été fait pour lui. Il était très fier.»