En Ontario, une fiducie privée remue ciel et terre afin de sauvegarder et de mettre en valeur la maison du tout premier évêque catholique de la province, Mgr Alexander Macdonell, maison qui a bien failli tomber sous le pic des démolisseurs.
Le Glengarry Fencibles Trust espère récolter 1 million $ d’ici la fin du mois de mars afin d’obtenir une subvention d’une somme équivalente de la part de l’agence Parcs Canada.
«Il y a quelque chose de terrifiant dans l’idée d’amasser 1 million $ dans un délai aussi serré», admet Brenda Baxter, présidente du conseil d’administration de la fiducie.
Si la collecte réussit, elle devrait permettre de transformer la résidence patrimoniale du premier évêque catholique ontarien en centre d’interprétation sur la vie de Mgr Macdonell. Située à St. Raphael’s, dans la région d’Alexandria-Cornwall, cette maison ancestrale mettra en évidence la contribution de cet évêque à l’histoire du Canada.
L’aumônier des Glengarry Fencibles
Natif des Highlands d’Écosse, dans village de Glen-Urguhart, Alexander Macdonell débuta son ministère presbytéral en 1794, à titre d’aumônier des Glengarry Fencible Infantry, le tout premier régiment officiellement catholique de l’histoire de l’armée britannique. Il accompagna les troupes lors des guerres entre le Royaume-Uni et la France révolutionnaire, puis napoléonienne. À titre d’aumônier, l’abbé Macdonell devait non seulement veiller au bien-être spirituel des soldats, mais aussi prendre soin des combattants blessés.
L’abbé Macdonell arriva au Canada en 1804. L’évêque de Québec, Mgr Pierre Denaut, l’envoya dans le comté de Glengarry, dans l’est de l’Ontario, afin de desservir les catholiques de langue gaélique établis dans cette région. Il s’installa alors dans le village de St. Raphael’s à partir duquel il fonda plusieurs paroisses et écoles catholiques. Il contribua également à la colonisation et au peuplement de la région. Alexander Macdonell est en effet l’un des fondateurs de la ville d’Alexandria, d’ailleurs baptisée en son honneur, comme bon nombre de rues et d’avenues à travers l’Ontario.
Lors de la Guerre de 1812, l’abbé Macdonell reprit du service à titre d’aumônier de la branche canadienne des Glengarry Fencible. Alors âgé de 50 ans, le prêtre écossais accompagna les troupes, y compris lors de leurs escarmouches avec les troupes américaines.
Le premier évêque du Canada anglais
En 1819, il devint le tout premier évêque catholique de l’histoire de l’Ontario. Auxiliaire et suffragant de l’évêque de Québec, Mgr Macdonell exerca son ministère sur l’ensemble du Haut-Canada, à titre de vicaire apostolique. En 1826, il devint évêque du diocèse de Kingston, érigé canoniquement la même année. On l’a longtemps surnommé «the Big Bishop» en raison de sa grande taille (1,82 mètres, ou 6’4 pieds). En 1831, le gouverneur du Haut-Canada nomma Mgr Macdonell à titre de membre du Conseil législatif de la colonie, une charge dont il s’acquitta jusqu’à sa mort, en 1840. En 1924, Mgr McDonell fut déclaré Personnage historique d’importance nationale par le gouvernement fédéral.
Un site patrimonial national
Bâtie en 1808, la résidence de Mgr Macdonell jouxtait l’église paroissiale St. Raphael, elle-même érigée en 1815. L’église a cependant été détruite par les flammes dans les années 1970. Ses murs extérieurs ont toutefois été conservés, tout comme l’ensemble de l’enclos paroissial, qui font désormais partie du Lieu historique national du Canada des Ruines de l’église catholique St. Raphael.
En 2016, le Glengarry Fencibles Trust a acheté la résidence de l’évêque, qui était jusque-là la propriété du diocèse d’Alexandria-Cornwall. La fiducie est parvenue à récolter 100 000 $ afin de rénover la toiture du bâtiment, en partenariat avec Parcs Canada.
Le Glengarry Fencibles Trust a approché diverses fondations et œuvres philanthropiques pour financer son projet de transformation de cette maison en centre d’interprétation historique consacrée à la mémoire de Mgr Alexander Macdonell (www.bishopshouse.ca).
Deborah Gyapong, Catholic News Service
Trad. et adapt. F. Barriault, pour Présence