La Maison Saint-Gabriel célèbre cette année son demi-siècle d’existence en tant qu’espace muséal. «C’est une occasion, une autre, de mettre en valeur notre collection, qui est très rare», a expliqué soeur Madeleine Juneau, la directrice générale du musée et du site historique, situés dans le quartier Pointe-Saint-Charles de Montréal.
L’occasion est aussi bonne pour «remettre l’histoire en premier», a-t-elle dit aux invités présents lors du lancement de la nouvelle exposition Curiosités et trésors, accessible jusqu’à la fin de l’année.
Cette remarque de la directrice générale de la Maison Saint-Gabriel n’a pas échappé à la présidente d’honneur de l’exposition.
«On est à une époque d’anniversaires. Mais tous les anniversaires ne se ressemblent pas. Certains semblent oblitérer l’histoire de leur origine et j’espère que ça n’est que momentané», a lancé Louise Harel, faisant référence aux célébrations du 375e anniversaire de la Ville de Montréal.
«J’espère qu’ils retrouveront le sens de la fête. Ce sens, c’est de comprendre d’où l’on vient pour savoir où l’on va.»
Cette préoccupation est justement omniprésente à la Maison Saint-Gabriel, a poursuivi l’ex-présidente de Vision Montréal. «Ici, on veut partager l’histoire, la rendre vivante, attrayante, conviviale. À chaque fois que je suis venue ici, notamment avec mes parents, j’ai toujours apprécié comprendre que c’est ici que notre histoire a commencé.»
«Et cette histoire a débuté avec des hommes et des femmes de foi, qui avaient un rêve missionnaire. C’est l’occasion d’en parler, de l’exprimer haut et fort. Car dans 25 ans, quand on célèbrera le 400e anniversaire de Montréal, il se pourrait bien que peu d’entre nous y soient et que peu de gens se rappellent d’où nous venons», a ajouté Mme Harel.
18 000 objets de collection
Rien de tel que des objets pour raconter l’histoire, explique alors Madeleine Juneau, une religieuse membre de la Congrégation de Notre-Dame.
«En 1966, quand on a ouvert nos portes en tant que musée, nous avions environ 3000 objets de collection, tous conservés par la Congrégation.» Cette communauté religieuse veille sur le site de la Maison Saint-Gabriel depuis son achat, en 1668, par Marguerite Bourgeoys, sa fondatrice.
Au fil des dernières décennies, lors de la fermeture de maisons de la congrégation, les objets de valeur qu’elles abritaient ont trouvé place dans la collection de la Maison Saint-Gabriel. «Elle en compte maintenant 18 000», dit sœur Juneau.
Les responsables de la Maison Saint-Gabriel ont eu le difficile mandat de n’extraire des voûtes du musée que cinquante lots ou objets afin d’illustrer le 50e anniversaire de l’institution. Ils ont opté pour «des objets et des œuvres remarquables, choisis pour leurs histoires peu ordinaires».
Dans la salle d’exposition, des pièces d’orfèvrerie, des statues – dont une en papier mâché – et des œuvres d’art, toutes d’une valeur inestimable, entourent plusieurs objets étonnants. «Comment expliquer qu’un morceau d’une ceinture de sauvetage du Titanic se retrouve à la Maison Saint-Gabriel?», demande la directrice générale à un public intrigué. «Vous le saurez en visitant l’exposition», a-t-elle répondu, amusée.
La présidente d’honneur de l’exposition, Louise Harel, attire l’attention du public sur «deux tableaux offert par Jean-Baptiste Colbert à Marguerite Bourgeoys lorsqu’elle est allée chercher les lettres patentes de la communauté à Paris».
«Ce sont de véritables trésors que nous partage la Congrégation de Notre-Dame», confie Mme Harel qui tient à dire sa reconnaissance «à ces générations de femmes, membres de cette communauté, qui au cours des décennies et même des siècles ont pris un soin exceptionnel de tous ces objets qui sont porteurs de mémoire».