Au sous-sol de la synagogue Emanu-El-Beth Sholom de Montréal, un long et émouvant silence a accueilli les mots prononcés devant une caméra par Victor Goldbloom, le médecin, député et ministre québécois, décédé le 15 février 2016.
«Je m’appelle Victor Goldbloom. Je suis de foi juive. Je suis Québécois.»
Un an après son décès, lors d’un déjeuner organisé par le Dialogue judéo-chrétien de Montréal, près de 100 personnes ont tenu à rendre hommage à ce «bâtisseur de ponts» et «homme de dialogue». Et elles ont pu l’entendre et le voir à nouveau, grâce à cet extrait vidéo réalisé au lendemain du débat sur la «charte des valeurs», en 2013.
«Pour moi, être Québécois, c’est répondre à un critère simple, énoncé par René Lévesque, que j’ai connu. Être Québécois, c’est vouloir être Québécois. Au cours de mes 90 années de vie, j’ai vu évoluer notre société, j’ai vu disparaître les cloisons, les contraintes et les discriminations. J’ai vu la société québécoise devenir ouverte, généreuse et accueillante. Je ne voudrais pas retourner aux années de contraintes que j’ai connues au cours de ma jeunesse», lançait-il dans la vidéo projetée sur un grand écran.
Diane Rollert, pasteure de l’Église unitarienne de Montréal et présidente du Dialogue judéo-chrétien de Montréal, a rappelé ses discussions avec Victor Goldbloom. C’est lui qui a insisté pour qu’elle accepte d’être la première femme présidente du Dialogue judéo-chrétien de Montréal.
«Victor était un bâtisseur de ponts», entre les gens de toutes religions, entre les personnes, peu importe leur âge. «Il voulait que les jeunes générations chérissent le dialogue. Il encourageait les jeunes à créer de l’harmonie autour d’eux.»
L’organisme de dialogue interreligieux, auquel Victor Golbloom a toujours été associé, lancera en septembre un concours jeunesse intitulé Les ponts du dialogue, en référence au titre d’un livre rédigé par le docteur Goldbloom peu de temps avant son décès et préfacé par le maire Denis Coderre.
Les jeunes, du primaire jusqu’au premier cycle universitaire, «seront invités, par une œuvre d’art ou un essai, à partager leurs réflexions et leurs expériences concrètes du vivre-ensemble», a expliqué Sabrina Di Matteo, directrice d’Espace Benoît-Lacroix et membre du Dialogue judéo-chrétien de Montréal. Les premiers prix seront remis en février 2018.
Lors du déjeuner, l’artiste Vahé Mersilian, d’origine arménienne, a raconté avoir un jour sollicité les conseils de Victor Goldbloom.
«J’ai voulu témoigner de ma reconnaissance en étant toujours disponible pour lui rendre service. En apprenant son départ, je me suis demandé comment honorer la promesse que j’avais faite.»
Une œuvre d’art est née de cette promesse. Elle a été dévoilée le 21 mars, en présence de l’épouse et du fils du docteur Goldbloom, Sheila et Jonathan.