L’enquête sur les allégations contre le jésuite Léon Lajoie, curé de Kahnawake de 1961 à 1996, a pris fin le vendredi 25 février 2022.
Dès aujourd’hui, l’agence mandatée par les Jésuites du Canada afin d’enquêter sur les allégations d’abus sexuels qu’auraient commis le père Lajoie va compiler les résultats des entretiens qu’elle a menés auprès des membres de la communauté mohawk depuis trois mois.
«Notre objectif, c’est de soumettre notre rapport aux jésuites dès la fin de cette semaine», confirme Brian King, le président et directeur-général du King International Advisory Group.
Depuis le début de son enquête, M. King s’est rendu trois fois à Kahnawake afin de rencontrer les chefs de la communauté, les leaders de la mission Saint-François-Xavier, ainsi que des membres de la communauté. Peu après la découverte, en juin 2021, des restes d’enfants autochtones sur les terrains de l’ancien pensionnat de Kamloops, des Mohawks ont déclaré publiquement avoir été agressés sexuellement par le curé Léon Lajoie (1921-1999). Alertés par ces révélations, les Jésuites du Canada ont aussitôt mandaté la firme King International Advisory Group afin qu’elle fasse enquête et soumette un rapport à la congrégation.
Le Conseil mohawk de Kahnawake (CMK) vient d’indiquer que le rapport de l’enquêteur lui sera présenté au cours du mois de mars.
La sépulture du jésuite
Cet automne, les victimes alléguées du père Lajoie ont aussi fait signer une pétition afin que les restes du jésuite, ensevelis près de l’église où il a œuvré, soient exhumés et enterrés à l’extérieur du territoire de la communauté mohawk.
Devant cette demande, le CMK a lancé et supervisé une consultation auprès de tous les membres de la communauté afin de sonder leurs opinions sur la question.
Rappelons que les funérailles du jésuite ont été célébrées le 19 mai 1999 à Kahnawake. Sa dépouille devait être inhumée au cimetière de la congrégation à Saint-Jérôme mais, à la demande de la famille du père Lajoie, les dirigeants mohawks de l’époque ont autorisé que son corps soit enseveli sur le terrain même de la mission catholique «en se basant sur la présence de longue date du père Lajoie et son dévouement envers la communauté».
Les résultats de la consultation menée par le CMK viennent d’être publiés. Un peu plus de 350 personnes ont participé à ce sondage, indique-t-on. Quatre répondants sur cinq estiment que ce sont les résidents de Kahnawake qui doivent décider du sort des restes du père Lajoie tandis que 21% croient que cette décision revient au Conseil mohawk de Kahnawake qui, en 1999, a autorisé que le jésuite soit enterré à deux pas de l’église Saint-François-Xavier.
La moitié des répondants veulent aussi que les restes du père Lajoie soient exhumés et enterrés à l’extérieur du territoire. Près de 30% des personnes qui ont répondu au sondage croient plutôt que rien ne doit être fait tant que les résultats de l’enquête menée par Brian King et son équipe ne sont pas connus.
«Il est très important que les membres de la communauté disposent d’autant d’informations que possible afin de prendre une décision éclairée», a réagi la cheffe Tonya Perron, la porte-parole du CMK dans ce dossier. «Il est clair qu’il s’agit d’une question sensible, donc la décision ne doit pas être prise à la légère.»
C’est pourquoi le CMK a décidé que les 25 et 26 mars, tous les membres de la communauté seront appelés à voter afin de déterminer si les restes du père Lajoie peuvent demeurer sur le territoire de Kahnawake ou s’ils doivent être exhumés.
Si cette dernière option est retenue, «les Jésuites respecteront les souhaits de la communauté et veilleront à ce que cela se fasse de manière respectueuse et aux frais de la congrégation», a indiqué la congrégation en réponse à une question de l’agence de presse Présence.