Un cadre national pour une campagne de financement quinquennale de 30 millions $ visant à favoriser la guérison et la réconciliation des survivants des pensionnats autochtones et de leurs communautés sera mis en place au cours de la nouvelle année, assure Mgr William McGrattan, vice-président de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), à l’hebdomadaire The Catholic Register.
Par Michael Swan
Les responsables ecclésiaux espéraient que les plans de la campagne, annoncée pour la première fois le 27 septembre, seraient terminés en novembre, mais la mise en place d’un cadre pour un effort national diocèse par diocèse s’est avérée plus compliquée que prévu.
Mgr McGrattan a déclaré qu’il espérait qu’en janvier ou février, «les annonces de détails pourraient être partagées avec le public et les catholiques».
«Nous sommes conscients que cela a pris plus de temps que prévu, mais il est important que nous fassions les choses correctement et que nous nous assurions que cela soit à la fois transparent et que cela démontre une responsabilité», a déclaré Mgr McGrattan.
«Nous avons fait appel à l’expertise de personnes en termes de gouvernance – oui, de collecte de fonds et aussi de droit – parce que nous devons nous assurer que ces fonds sont reçus par un organisme sans but lucratif et sont dirigés vers une organisation ou une initiative sans but lucratif. Il y a beaucoup de détails.»
Des précautions supplémentaires sont prises pour s’assurer que les erreurs commises lors de la campagne bâclée de 2008-2014 ne se répéteront pas, a déclaré un membre du comité d’organisation de la campagne à l’hebdomadaire torontois.
Se conformer à la CVR
Le comité d’organisation, composé d’évêques, d’agents financiers et d’experts en collecte de fonds provenant de diocèses de tout le pays, s’efforce de veiller à ce que la campagne soit conforme aux 94 appels à l’action issus du rapport final de 2015 de la Commission vérité et réconciliation, a précisé la source.
Selon ce rapport, le retrait des enfants autochtones de leur famille pendant plus d’un siècle, lorsqu’ils étaient envoyés dans des pensionnats, équivalait à un «génocide culturel». Environ 60 % des écoles publiques étaient gérées par des diocèses et des communautés religieuses catholiques.
Dans des excuses présentées en septembre, les évêques canadiens ont reconnu que le système des pensionnats «a conduit à la suppression des langues, de la culture et de la spiritualité autochtones, ne respectant pas la richesse de l’histoire, des traditions et de la sagesse des peuples autochtones».
«Nous reconnaissons les graves abus qui ont été commis par certains membres de notre communauté catholique: physiques, psychologiques, émotionnels, spirituels, culturels et sexuels. Nous reconnaissons également avec tristesse les traumatismes historiques et permanents ainsi que l’héritage de souffrances et de défis auxquels les peuples autochtones sont confrontés et qui perdurent à ce jour», ont déclaré les évêques.
Modalités de collecte
Contrairement à la campagne précédente de 25 millions $, qui n’a permis de recueillir que 3,7 millions $, l’engagement de la CECC à recueillir 30 millions $ sur cinq ans est absolu. Si les paroissiens et les donateurs ne donnent pas le plein montant, les diocèses combleront la différence. Une grande partie de l’effort d’organisation a été consacrée à s’assurer que, bien que les évêques puissent être tenus responsables de l’argent recueilli, ils ne soient pas considérés comme dirigeant ou dictant la façon dont les fonds sont dépensés.
Les diocèses ou les régions formeront des comités locaux de dirigeants autochtones qui consulteront les évêques sur le déboursement des fonds destinés aux priorités autochtones.
Lors d’une conférence de presse tenue le 2 décembre, l’archevêque d’Edmonton, Richard Smith, a déclaré : «Nous avons entamé le processus ici, dans l’archidiocèse [d’Edmonton], pour tendre la main aux leaders autochtones, afin qu’ils nous aident à discerner les besoins de la communauté. Pourrait-il y avoir des programmes qui existent déjà dans la communauté et qui pourraient être soutenus par les fonds collectés?»
«Tout cela va se dérouler au cours des prochains mois, mais je pense que la chose la plus importante à garder à l’esprit est que ces efforts seront discernés et dirigés par les Autochtones», a déclaré Mgr Smith.
Alors que la campagne nationale sera en grande partie menée au niveau local, les grands diocèses, dont les plafonds de collecte de fonds sont plus élevés et qui sont moins au contact des communautés autochtones, pourraient partager une partie des fonds collectés avec les petits diocèses où les besoins de réconciliation des Autochtones sont plus importants, a déclaré une source au Catholic Register.
Une responsabilité commune
En septembre, Graydon Nicholas, aîné mi’kmaq et ancien lieutenant général du Nouveau-Brunswick, a déclaré au Catholic Register que toute l’Église, et pas seulement les évêques, devait assumer la responsabilité de l’héritage des pensionnats et des échecs des campagnes passées.
«Je n’ai pas entendu beaucoup de prêtres en chaire ou d’évêques [pendant la campagne précédente] dire: « Hé, écoutez, c’est quelque chose dont nous sommes responsables, c’est quelque chose que nous devons faire ».»
Plutôt qu’un simple engagement financier, M. Nicholas estime que la campagne doit permettre d’établir des relations durables entre les paroissiens catholiques non autochtones et les communautés autochtones.