Modifiant une déclaration écrite faite à une commission d’enquête sur les abus sexuels commis par des clercs dans son ancien archidiocèse de Munich et Freising, le pape retraité Benoît XVI a déclaré qu’il était bel et bien présent à une réunion tenue en 1980 pour discuter du transfert d’un prêtre accusé d’inconduite.
Par Cindy Wooden
«Il a bien assisté à la réunion du 15 janvier 1980», a déclaré un communiqué publié au nom du pape Benoît XVI par son secrétaire, l’archevêque Georg Ganswein.
«La déclaration contraire était donc objectivement incorrecte. Il tient à souligner que cela n’a pas été fait par mauvaise foi, mais qu’il s’agit d’un oubli dans la rédaction de sa déclaration», a déclaré l’archevêque le 24 janvier.
Le pape Benoît, âgé de 94 ans, est toujours en train d’examiner un rapport de près de 1 900 pages, publié le 20 janvier, qui porte sur le traitement des affaires dans l’archidiocèse entre 1945 et 2019. L’ancien cardinal Joseph Ratzinger a dirigé l’archidiocèse de Munich de 1977 à 1982.
Des centaines de victimes
Le rapport a identifié 497 victimes et 235 abuseurs, mais les avocats qui ont mené l’étude se disent convaincus que les chiffres réels sont beaucoup plus élevés. Dans le rapport, les avocats affirment qu’à quatre reprises, le cardinal Ratzinger a mal géré les allégations d’abus.
En ce qui concerne plus particulièrement le cas du récidiviste Peter H., un prêtre envoyé à Munich depuis Essen en 1980, l’avocat Ulrich Wastl a qualifié les déclarations du pape Benoît de «peu crédibles».
Le cabinet d’avocats Westpfahl Spilker Wastl, a mené l’enquête pour l’archidiocèse; le pape retraité avait envoyé une déclaration de 82 pages aux enquêteurs pendant qu’ils menaient l’enquête.
Dans cette déclaration, l’ancien pape avait dit qu’il n’avait pas pris part à une réunion décisive sur le cas de Peter H. Mais, lors de la conférence de presse où le rapport juridique a été présenté, Wastl a lu le procès-verbal de cette réunion. Dans celui-ci, Mgr Ratzinger, alors archevêque, est mentionné à plusieurs reprises comme rapporteur sur d’autres sujets.
Benoît XVI désolé
Une fois que le pape retraité aura eu le temps de lire attentivement le rapport Westpfahl Spilker Wastl, a déclaré Mgr Ganswein, «il expliquera» comment l’erreur d’édition s’est produite.
«Il est vraiment désolé pour cette erreur et demande pardon», a déclaré l’archevêque.
Dans le même temps, Mgr Ganswein a déclaré que l’affirmation du pape retraité selon laquelle «lors de cette réunion, aucune décision n’a été prise concernant l’affectation pastorale du prêtre en question « reste » objectivement correcte».
La réunion de 1980, a-t-il dit, ne portait que sur «la demande de lui fournir (Peter H.) un logement pendant son traitement thérapeutique à Munich», une demande qui a été acceptée. Plus tard, le prêtre a été affecté à la pastorale en Bavière et a continué à abuser sexuellement de mineurs.
Mgr Ganswein a assuré les habitants de l’archidiocèse de la proximité du pape Benoît XVI, «surtout en ces jours», et de son soutien aux efforts «pour clarifier la situation».
«Il pense en particulier aux victimes qui ont subi des abus sexuels et de l’indifférence», a-t-il déclaré.