Le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats ajoute un nouveau diocèse à sa liste des institutions religieuses qu’il confronte devant les tribunaux en raison d’agressions sexuelles commises par leurs préposés.
Le mercredi 29 juin 2022, ses avocats ont déposé une demande d’autorisation d’intenter une action collective contre l’archidiocèse de Sherbrooke pour des agressions sexuelles commises par des prêtres ou des employés laïques.
La plus récente requête concerne un homme, aujourd’hui âgé de 84 ans, qui allègue avoir été agressé sexuellement, quand il avait entre 12 et 13 ans, par l’abbé Edmond Doran, le vicaire de la paroisse Saint-Isaac-Jogues, à Asbestos. «D’autres attouchements se produisent dans les années qui suivent», a-t-il dénoncé, notamment en hiver lorsque le jeune garçon se rend à la patinoire située sur le terrain de l’église paroissiale.
«Ça doit rester entre nous, ne dis rien à personne», aurait chuchoté à l’oreille le prêtre à sa jeune victime.
Sa vie durant, l’octogénaire aura vécu dans la «honte des agressions sexuelles qu’il a subies», ayant peur d’être jugé. «Il n’en a conséquemment jamais parlé à personne sauf à son épouse». La victime réclame de l’archidiocèse une somme de 600 000 $.
Selon ses avocats, d’autres agressions sexuelles ont été commises par des membres du clergé diocésain. La requête rappelle qu’en 2006 les prêtres Daniel Pichette et Richard Bouffard ont plaidé coupable à des chefs d’attentat à la pudeur ou encore de grossière indécence. Leurs victimes pourraient se joindre à ce recours collectif.
«Nous prenons acte des documents de la cour et nous consulterons nos avocats pour la suite du processus», a déclaré la porte-parole de l’archidiocèse de Sherbrooke.
Questionnée sur le statut des trois prêtres mentionnés dans la requête, Eliane Thibault a indiqué qu’elle ne donnerait «aucune précision supplémentaire concernant cette affaire». Selon un avis nécrologique publié dans le quotidien La Tribune, un prêtre du nom d’Edmond Doran serait décédé le 12 avril 1980, à l’âge de 60 ans. Il était alors vicaire à la paroisse Sainte-Famille de Richmond. Quant aux deux autres prêtres, on ne sait pas s’ils sont toujours vivants, s’ils ont été retirés du ministère après leur reconnaissance de culpabilité ou s’ils ont été affectés à d’autres tâches.
Autres recours
Si ce recours collectif est autorisé, il s’agira du second auquel l’archidiocèse devra faire face ces prochains mois. En septembre 2021, une action collective a été autorisée contre la Famille Marie-Jeunesse, son fondateur, l’abbé Réal Lavoie, et l’archidiocèse de Sherbrooke.
Le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats mène actuellement des actions collectives contre les diocèses d’Amos, Joliette, Saint-Hyacinthe, Saint-Jean-Longueuil et Trois-Rivières ainsi que les archidiocèses de Montréal et Québec. En date du 6 juin 2022, 241 victimes s’étaient déjà inscrites à ces sept recours et avaient dénoncé près de 200 agresseurs, en grande majorité des prêtres diocésains. Plus du tiers de ces victimes allèguent avoir été abusées par des prêtres incardinés dans l’archidiocèse de Québec.