Le mardi 13 juin 2023, le juge Donald Bisson de la Cour supérieure a autorisé les actions collectives déposées contre les diocèses de Joliette et de Saint-Jean-Longueuil. Dans les deux affaires, il est reproché à des prêtres, religieux ou membres du personnel laïc d’avoir commis des agressions sexuelles entre 1940 et aujourd’hui.
Les deux diocèses n’ont pas contesté les demandes d’autorisation. Ils ont aussi déclaré vouloir rechercher un règlement à l’amiable, avant la tenue d’un éventuel procès.
Pour le diocèse de Joliette, le représentant du groupe des victimes est surnommé A.B. Il s’agit d’un homme, âgé aujourd’hui de 50 ans, qui aurait été agressé alors qu’il était un enfant par l’abbé Bernard Forest (1918-2007). Professeur au Séminaire de Joliette, l’abbé Forest a été nommé curé de la paroisse Notre-Dame-des-Prairies au milieu des années 1960. Il a quitté cette paroisse en 1985. C’est dans le presbytère de cette paroisse que les agressions auraient été commises.
Le vendredi 19 juin, le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats a révélé que 24 victimes se sont inscrites à ce jour à l’action collective contre le diocèse de Joliette. Une dizaine de prêtres ont fait l’objet de plaintes. Le cabinet d’avocats mentionne notamment le nom de Mgr Édouard Jetté (1898-1988), évêque auxiliaire de Joliette durant 20 ans, de 1948 à 1968.
Les victimes de prêtres du diocèse de Saint-Jean-Longueuil seront représentées par un homme de 47 ans qui aurait été agressé sexuellement par l’abbé Pierre Émile Brodeur, un prêtre diocésain ordonné en 1988. La demande d’action collective, déposée en 2019, mentionne que l’abbé Brodeur, après avoir fait du ministère à Saint-Bruno-de-Montarville, a été missionnaire au Japon ainsi qu’en Afrique. Depuis sa retraite, ce prêtre, qui a découvert récemment ses racines algonquines, a vécu dans les communautés autochtones de Lac Simon et de Kitcisakik.
Dix-sept victimes se sont inscrites à l’action collective contre le diocèse de Saint-Jean-Longueuil. Onze prêtres sont visés. Mentionnons que le nom du jésuite Léon Lajoie fait partie de cette liste. Responsable de la Mission Saint-François-Xavier de Kahnawake de 1956 à 1990, le père Lajoie n’aurait commis aucun délit sexuel contre des enfants, a pourtant déclaré en 2022 une firme spécialisée qui a enquêté sur les allégations lancées contre lui.
Réactions diocésaines
Les autorités du diocèse de Joliette n’ont pas été surprises d’apprendre que l’action collective ait été autorisée par la Cour supérieure. «On s’y attendait», a déclaré Gilles Ferland, le responsable diocésain des communications.
Du côté du diocèse de Saint-Jean-Longueuil, avant même que le jugement d’autorisation ne soit rendu public, on a informé les responsables des paroisses que les médias locaux allaient bientôt publier «un communiqué des avocats des victimes appelant ces dernières à se manifester». C’est une «procédure normale et nécessaire pour la recherche d’un règlement entre les parties», a-t-on expliqué. Le diocèse a aussi invité les personnes qui souhaitent se joindre à cette action collective à contacter directement le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats.
«Depuis le début des procédures, nous avons manifesté notre intention de supporter les victimes et d’entamer des discussions pour trouver un règlement dans une attitude de respect et de vérité», a indiqué Yvon Métras, le secrétaire général du diocèse et le responsable du dossier de la protection des personnes mineures et vulnérables.