Deux demandes d’intenter une action collective ont été déposées consécutivement le jeudi 21 avril 2022 contre deux congrégations religieuses, les Frères de l’instruction chrétienne et les Montfortains.
Aujourd’hui âgé de 73 ans, M. J. – les initiales de celui qui représente les victimes dans le recours contre les Frères de l’instruction chrétienne (FIC) – indique qu’à l’âge de 13 ans, il aurait été agressé sexuellement à deux reprises par un religieux de l’école Sainte-Bernadette-de-Lourdes de Montréal (aujourd’hui l’école Sainte-Bernadette-Soubirous) que les FIC ont géré durant une vingtaine d’années.
Le lendemain de la première agression, l’élève est convoqué au bureau du directeur de l’école. Loin d’être consolé et protégé, il est plutôt «sanctionné physiquement pour son comportement de la veille, soit d’avoir défié l’autorité». C’est que M.J. s’est débattu puis s’est enfui de l’école, indique la requête que le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats a déposée à la Cour.
La seconde agression a lieu plus tard, durant la période des Fêtes. Agrippé par le même religieux, M. J. réussit à lui mordre la main droite. Il informe alors ses parents des attouchements qu’il a subis à l’école. Sa mère, raconte-t-il, ira confronter le religieux tandis qu’il «se fait battre par son père lorsqu’il lui a mentionné avoir été agressé sexuellement».
Une trentaines d’autres victimes, en plus de M. J., auraient déjà contacté le cabinet d’avocats montréalais afin de dénoncer des agressions sexuelles commises par des FIC, entre le 1er janvier 1940 et aujourd’hui.
Au terme de la requête présentée la semaine dernière, M. J. réclame une somme de 450 000 $ à la congrégation religieuse. La demande judiciaire veut aussi que la congrégation verse une somme totale de 10 M$ à «toutes les personnes, de même que leurs héritiers et ayants droit, ayant été agressées sexuellement au Québec, par tout préposé, membre ou employé des Frères de l’instruction chrétienne».
Le frère Mario Houle, le provincial des FIC, n’a pas souhaité commenter la demande en autorisation de l’action collective que des huissiers ont remis à la congrégation.
Les Montfortains
L’action collective contre les Montfortains explique qu’en 1981, A. B., alors un adolescent, est agressé sexuellement lors d’un camp vocationnel qui se déroulait à la Maison Marie-Reine-des-Cœurs, un bâtiment acquis en 2014 par la municipalité de Drummondville.
Dès son arrivée, on assigne à A. B. sa chambre. Il logera, durant la fin de semaine, dans un petit dortoir de trois lits auprès deux membres de la congrégation religieuse, un religieux ainsi qu’un novice. Durant la nuit, il se réveille et constate que le novice l’attouche sexuellement. Il lui oppose de la résistance et manifeste clairement son opposition. Avant l’aube, indique la requête, A. B. ira prévenir le responsable du camp vocationnel qui lui suggère ensuite de retourner chez ses parents bien avant la fin de l’activité vocationnelle.
Le responsable communique plus tard avec A. B. et lui propose de débuter une correspondance avec le novice qui l’agressé. A. B. sollicite les conseils d’un professeur au Petit Séminaire de Chicoutimi, l’abbé Serge Poitras. Ce dernier deviendra secrétaire à la nonciature apostolique à Ottawa, sous-secrétaire adjoint de la Congrégation pour les évêques sous la direction du cardinal Marc Ouellet, puis évêque de Timmins, en Ontario. L’abbé Poitras lui indique qu’il n’a pas à «obtempérer à une telle demande».
Quelques semaines plus tard, le responsable du camp vocationnel s’est rendu au domicile d’A. B. afin d’informer ce dernier ainsi que sa mère que le novice «avait été expulsé des rangs» des Montfortains.
La requête en autorisation présentée jeudi estime que les Montfortains devraient être condamnés à verser 600 000 $ à A. B. et une somme à déterminer plus tard pour toute autre personne qui aurait été agressée «par un membre du clergé, un employé ou un bénévole, laïc ou religieux, des Pères Montfortains».
En voyage à l’extérieur du pays, le supérieur de la Vice-Province du Canada des Montfortains, le père Doris Tombaosa, ne pouvait commenter le recours collectif contre sa congrégation. Plus tard, par téléphone, le responsable des finances, un laïc, a indiqué qu’aucun commentaire ne serait fait à cette étape des procédures.