Parmi les nouvelles campagnes déposées sur la plateforme de sociofinancement GoFundMe, on trouve depuis quelques heures celle de «Mme F. du recours collectif du diocèse de Québec». Son objectif: 100 000 $.
Le mardi 13 décembre 2022, le cardinal Marc Ouellet, actuel préfet du dicastère pour les évêques, a intenté une poursuite contre une ex-agente de pastorale pour propos diffamatoires. L’ex-archevêque de Québec demande qu’elle soit condamnée à lui verser une somme de 100 000 $ «à titre de dommages-intérêts compensatoires pour atteinte à la réputation, à l’honneur et à la dignité».
Cette personne, nommée F., dit avoir reçu, après l’annonce du cardinal, des messages d’appui. Cet «élan de compassion et de solidarité» l’a encouragée à créer une campagne de sociofinancement.
Les personnes qui se joindront à cette campagne appuieront, dit-elle, un «combat ardu qui dépasse les faits allégués». C’est toute la «question de la gestion des abus» dans l’Église catholique qui est au cœur de cette campagne, ajoute-t-elle. C’est aussi une manière de soutenir «le combat des victimes pour se faire entendre et reconnaître».
«Toutes les sommes amassées seront remises à des organismes qui viennent en aide aux victimes d’agressions sexuelles si madame F. n’a pas à débourser le montant demandé», indique-t-on.
Deux jours plus tôt, le cardinal Ouellet, par ses procureurs, avait annoncé que s’il obtenait gain de cause dans cette affaire, la somme obtenue serait entièrement versée «au profit de la lutte contre les abus sexuels subis par les Autochtones du Canada».
Une photo significative
Sur la page de présentation de sa campagne GoFundMe, F. a inséré une photo du cardinal Ouellet et du pape François prise à l’occasion d’un Symposium sur le sacerdoce tenu à Rome le 17 février 2022.
Ce choix n’est pas anodin.
Un des membres du comité scientifique de cette rencontre qu’a présidée le cardinal Ouellet est le jésuite Jacques Servais, le directeur de la Casa Balthasar de Rome, une maison d’accueil pour séminaristes.
Ce père Servais, c’est aussi l’enquêteur nommé par le pape François, qui a rencontré F. le 4 mars 2021. Le but de cette réunion tenue via Zoom était de discuter de la lettre que F. avait fait parvenir au pape deux mois plus tôt.
Écrite à la demande même du cardinal Gérald Lacroix, cette missive de deux pages mentionnait «des gestes intrusifs ou inappropriés» que le cardinal Marc Ouellet aurait eus envers elle en 2008, alors qu’elle débutait son emploi comme agente de pastorale. F. a mentionné au pape les malaises ressentis en la présence de l’archevêque de Québec, un sentiment «identique à celui qu’éprouverait tout jeune employé envers un employeur qui agirait de la même manière».
Ni dans la lettre au pape François, ni lors de cette rencontre avec l’enquêteur Servais, il n’a été question d’«agressions sexuelles».
Depuis, le père Servais n’a plus jamais discuté avec F., ni fait connaître les conclusions de son enquête préliminaire sur les agissements du cardinal Marc Ouellet.
Mais deux jours après l’annonce de la présence du nom du cardinal Ouellet dans les documents de l’action collective contre l’archidiocèse de Québec, le jésuite Jacques Servais est sorti de son mutisme et a enfin révélé ses conclusions.
«Il n’y a aucun motif fondé pour ouvrir une enquête pour agression sexuelle sur la personne F. de la part du cardinal Ouellet. Ni dans son rapport écrit et envoyé au Saint-Père, ni dans le témoignage via Zoom que j’ai recueilli par la suite en présence d’un membre du Comité diocésain ad hoc, cette personne n’a porté une accusation qui fournirait matière à une telle enquête», a-t-il fait savoir par le Bureau de presse du Vatican.
Campagne «Mme F. du recours collectif du diocèse de Québec»