Après que la publication française Golias Hebdo ait révélé qu’une seconde plainte avait été formulée contre lui, le cardinal Marc Ouellet «nie avoir commis tout comportement répréhensible à l’égard de cette femme».
Le préfet du dicastère pour les évêques confirme «avoir volontairement participé à une enquête menée sur cette plainte et avoir pleinement collaboré à cet égard».
«Je n’ai rien à cacher et ai agi en toute transparence dans le cadre de ce processus», ajoute-t-il dans une déclaration que ses avocats québécois ont acheminée aux journalistes.
Le Vatican a lancé une enquête sur des «allégations d’inconduite sexuelle» qu’une femme nommée Marie a présentées en septembre 2020 au cardinal Gérald Lacroix, a révélé mercredi soir Golias Hebdo.
Le cardinal Lacroix a confirmé jeudi avoir remis au pape François, le «supérieur immédiat» de son prédécesseur, les informations obtenues d’une plaignante, se conformant aux règles édictées par le motu proprio Vos estis lux mundi. Selon ce décret papal, les évêques qui prennent connaissance d’allégations contre des évêques, des archevêques, des patriarches ou même des cardinaux ont l’obligation d’en aviser le Vatican. Une enquête sur les allégations de Marie visant le cardinal Ouellet a alors été enclenchée.
«Comme je l’ai mentionné lors de cette enquête, je nie avoir commis tout comportement répréhensible à l’égard de cette femme.» Le cardinal Ouellet ajoute «qu’à [sa] connaissance, aucune demande émanant de cette femme pour réactiver le processus de plainte n’a été formulée».
Refus de rencontrer l’enquêteur?
La déclaration du cardinal Ouellet révèle toutefois un élément inconnu jusqu’ici. Si les allégations formulées par Marie ont été rejetées, c’est «notamment en raison du fait que la plaignante avait choisi, après le dépôt de sa plainte, de ne pas rencontrer les personnes responsables de l’enquête».
Dans la lettre que l’actuel archevêque de Québec a remis à Marie en juin 2021, il est toutefois indiqué que c’est le pape François lui-même qui a décidé de ne pas retenir «l’accusation portée contre le cardinal». Le cardinal Lacroix ne fait aucunement mention d’un quelconque refus de rencontrer l’enquêteur nommé par le pape François comme motif de rejet de sa plainte. Il indique que l’enquête «a été réalisée à distance en raison des circonstances imposées par la pandémie et que des témoignages ont été recueillis, tant à Québec qu’à Rome».
Rappelons que la revue Golias Hebdo est formelle: l’enquêteur n’a jamais rencontré Marie, en présence ou encore en vidéoconférence. Le cardinal Ouellet indique dans sa déclaration que c’est la plaignante qui a pris la décision de ne pas rencontrer «les personnes responsables de l’enquête». Ces personnes sont le jésuite Servais ainsi que Dominic LeRouzès, alors un prêtre de l’archidiocèse de Québec, dont le rôle n’a jamais été précisé. (Dans sa lettre à la plaignante, le cardinal Lacroix note pourtant que l’enquête a été menée «sans participation directe ou indirecte» de l’archidiocèse de Québec.)
«C’est un mensonge», fulmine au téléphone une personne qui a accompagné Marie durant le cheminement de sa plainte. Dans le numéro de Golias Hebdo consacré à «l’affaire Ouellet», cette personne est présentée comme étant «proche de Marie, qui la soutient».
«Ce n’est pas vrai», a-t-elle réagi en lisant dans la récente déclaration du cardinal Ouellet que Marie n’a pas voulu collaborer avec l’enquêteur. «Aujourd’hui, il est vrai que Marie ne veut plus rien savoir. Mais pas à l’époque», a confié cette personne à Présence.
Appel à dénoncer
La déclaration du cardinal Marc Ouellet se termine par un appel à toutes les victimes.
«Je réitère l’importance pour toutes les victimes d’abus sexuels de dénoncer», écrit le préfet du dicastère pour les évêques. C’est lui qui, le 9 mai 2019, avait officiellement présenté à la presse le contenu du motu proprio Vos estis lux mundi que venait tout juste de promulguer le pape François.
Le cardinal Ouellet recommande aussi aux victimes «de ne pas se laisser décourager par ce type de publication».