Le nom du fondateur de l’École des Petits Chanteurs de Trois-Rivières, le prêtre, chef de chœur et compositeur Claude Thompson (1927-2013), se retrouve dans un tableau de victimes et d’agresseurs que vient de rendre public le cabinet montréalais Arsenault Dufresne Wee Avocats.
Ce document est l’une des pièces déposées dans le cadre de l’action collective contre le diocèse de Trois-Rivières, un recours autorisé en juin 2022.
Quarante-trois personnes déclarent, dans ce tableau, «avoir été agressées par plus d’une vingtaine de prêtres ou membres du personnel diocésain», ont indiqué ce matin les avocats des victimes.
À la ligne 35 de cette liste, on découvre le nom de l’abbé Claude Thompson. Les faits reprochés se seraient produits à l’École des Petits Chanteurs de Trois-Rivières, entre les années 1981 et 1983. La victime était âgée de 11 ans au moment de la «première agression», précise-t-on.
Ordonné prêtre en 1951, l’abbé Thompson a obtenu quelques années plus tard une licence en chant grégorien ainsi qu’un baccalauréat en composition de l’Institut pontifical de musique sacrée de Rome. À son retour d’Europe, il devient directeur des Petits chanteurs trifluviens et enseigne la théologie ainsi que la musique sacrée au Grand Séminaire de Trois-Rivières. C’est en 1966 qu’il fonde l’École des Petits Chanteurs de Trois-Rivières. Nommé Chevalier des Arts et des Lettres par la France en 1992, il est fait chevalier de l’Ordre national du Québec en 1995.
Sincère compassion
Au diocèse de Trois-Rivières, on n’entend pas commenter l’ajout du nom de l’abbé Thompson dans le tableau des victimes et des agresseurs. «Dans le processus de règlement, en lien avec l’action collective contre le diocèse de Trois-Rivières, nous sommes tenus à la plus stricte confidentialité», indique Simon Bournival, le responsable des communications et le coordonnateur de la pastorale diocésaine.
«Nous ne pouvons rester indifférents face cette nouvelle», ajoute-t-il. Le diocèse de Trois-Rivières condamne «toute conduite qui porte atteinte à la dignité humaine».
«Nous voulons exprimer notre sincère compassion envers les victimes alléguées», ajoute-t-il.
Nouveau directeur
Tout juste arrivé de France il y a à peine trois semaines, Marc Henric, le nouveau directeur musical et artistique des Petits Chanteurs de Trois-Rivières, trouvait bien difficile de commenter la nouvelle qu’il venait d’apprendre sur l’un de ses prédécesseurs. «Je découvre complètement tout cela» dit-il.
«Ce qui est certain, c’est que notre priorité ici, et c’est aussi la mienne, c’est l’épanouissement des enfants. Ce sera toujours le cas.» Il assure que «les victimes, de par le monde, de tous les prédateurs sexuels ont toute notre compassion».
Marc Henric explique qu’il est aussi «très attaché à la présomption d’innocence». «Toutes les personnes, les anciens, qui me parlent de leurs relations avec le père Thompson en ont gardé des souvenirs extraordinaires. Et ils sont très nombreux», dit-il. «Loin de moi l’idée de minimiser cette affaire, mais vous comprenez que je reste très prudent dans mes commentaires».