Le juge Donald Bisson de la Cour supérieure vient d’autoriser l’exercice d’une action collective contre les Frères des Écoles chrétiennes du Canada francophone, une congrégation de frères enseignants.
Ce recours collectif concerne toutes les personnes, «de même que leurs héritiers ou ayants droit» dans le cas des personnes décédées, qui ont été agressées sexuellement, au Québec par un membre ou un employé de cette congrégation entre 1940 et aujourd’hui.
Depuis le dépôt de la demande en autorisation, en juin 2019, quelque 150 victimes, tant des hommes que des femmes précise-t-on, ont contacté le cabinet cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats afin de s’inscrire à ce recours collectif.
Tableau
Le tableau des victimes et agresseurs allégués, déposé au tribunal, ne compte pas moins de 17 pages. En parcourant cette longue liste, on découvre que la plupart des faits dénoncés seraient survenus avant 1970, donc il y a plus de 50 ans, dans des écoles et des collèges sous la responsabilité de la congrégation religieuse, alors présente partout au Québec.
Un grand nombre d’agresseurs y sont identifiés par leur seul «nom en religion», le nom qu’ils ont reçu lors de leur entrée dans cette communauté. Dans certains cas, la victime ne se souvient que du surnom dont le frère enseignant était affublé. C’est le cas du frère Tarzan, du frère Patate ou du frère «aux onze doigts». La liste comprend bien quelques laïcs, dont le photographe officiel d’un collège, mais la plupart des agresseurs allégués sont des religieux. Enfin, peu de victimes ont déclaré avoir été abusées après 1970, aucune après 1990. Une personne mentionne avoir été agressée au Collège Laval, bien que cette école ait longtemps été sous la responsabilité des Frères Maristes.
C’est un homme de 68 ans, surnommé A. B. dans la requête judiciaire, qui agit comme le représentant du groupe des victimes. Il aurait été agressé sexuellement par un religieux alors qu’il fréquentait l’École Dominique-Savio de Forestville en 1960 et en 1961. A. B. était âgé de 7 ans lors de la première agression sexuelle qu’il aurait subie. Il réclame une somme de 600 000 $ en dommages. D’autres sommes, à préciser plus tard, seront aussi versées aux autres victimes si ce recours est accepté au terme d’un procès ou s’il fait l’objet d’une entente entre la congrégation et les avocats des victimes.
Réaction
Joint à Rome où il participe actuellement au chapitre général de sa congrégation, le supérieur provincial des Frères des Écoles chrétiennes du Canada francophone a appris du journaliste la teneur du jugement rendu aujourd’hui. «On s’y attendait, bien sûr», dit le frère Florent Gaudreault. «Je vais contacter nos avocats et les démarches vont se poursuivre», ajoute le supérieur qui sera de retour la semaine prochaine.
Au début des année 1960, la congrégation comptait près de 1500 frères au Québec. Aujourd’hui la communauté ne compte plus que 41 membres, tous à l’âge de la retraite.