Le 28 mai 2019, l’ONU a adopté une résolution faisant du 22 août la Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou convictions. La pandémie de COVID-19 ayant relégué dans l’ombre la tenue de cette journée en 2020 et 2021, une réflexion s’impose sur le thème qu’elle propose à l’occasion de cet anniversaire.
La liberté religieuse soulignée par la tenue de cette Journée est exprimée dans l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) dont voici le libellé : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. »
Dans le dernier rapport de l’œuvre pontificale Aide à l’Église en Détresse (AED), José Luis Bazan, rend compte de sa préoccupation eu égard à l’interprétation de cet article de la DUDH. Le présent texte s’en inspire en partie. Pour la commodité de l’analyse, nous nous intéresserons d’abord à l’énoncé de ce droit, puis à ce qu’il implique.
Un droit ou trois?
Dès l’adoption de la DUDH par l’ONU en 1948, un débat a eu lieu sur le libellé de l’article 18 entre certains pays reconnus pour leurs régimes politiques athées, dont l’URSS et la Chine, et les démocraties occidentales. Les premiers ont cherché à scinder cette liberté (au singulier dans le libellé de l’article 18!) en trois : liberté de pensée, liberté de conscience et liberté de religion, cherchant à accorder une importance moindre à cette dernière. Mais cela ne respectait pas l’optique de l’équipe de rédaction de la Déclaration, pour qui cette liberté forme un seul bloc.
Depuis quelques années, nous assistons à un retour du balancier où la même tentative de déstructuration de la liberté religieuse refait surface. Peut-être parce que notre époque est moins sensible au religieux et considère celui-ci comme étant supposément moins rationnel, il semble que cette tendance s’est manifestée même au sein de l’ONU, par son rapporteur spécial qui est pourtant censé défendre ce droit.
En 2000, un changement de titre de ce rapporteur spécial dénote déjà la dérive évoquée en titre de ce texte. Celui qui était appelé jusque là Rapporteur spécial sur l’intolérance religieuse devint Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction. Son mandat, qui était de surveiller l’application de l’article 18 de la DUDH, s’est étendu aux articles 19 et 20 qui protègent respectivement la liberté d’opinion et d’expression et la liberté d’association pacifique. Bien qu’il faille admettre un lien intime entre ces libertés et celle de l’article 18, le mandat de surveillance du Rapporteur en lien avec la liberté religieuse s’est trouvé dilué par rapport à ce qu’il était avant l’an 2000.
C’est exactement dans cette optique qu’en 2021, Ahmed Shaheed, Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, a livré un rapport où, bien qu’il fasse état de ses différentes démarches en regard de la liberté religieuse, porte son analyse sur les seuls enjeux de liberté de pensée (article 19). Voilà une façon bien parlante de reléguer au second plan l’article 18 de la DUDH.
Implications et exigences liées à la liberté religieuse
La liberté religieuse formulée dans l’article 18 implique celles mentionnées à la suite du libellé. De même que la liberté de pensée, de conscience et de religion ne forme qu’un seul bloc dans l’esprit du texte, attenter à une seule des libertés qu’elle implique équivaut à bafouer tout l’article 18.
Il serait trop long de faire ici l’inventaire des atteintes à ces libertés. Internet fournit d’excellents documents à cet effet, dont le rapport susmentionné de l’Aide à l’Église en Détresse. Y jeter un coup d’œil, c’est déjà faire un pas à la rencontre des persécutés de ce monde.
Richard Guay, enseignant retraité, Québec
Cosignataires
Demanya Kofi Akoussah, président de la Table des ministères en français de l’Église Unie du Canada
Michèle Barnabé, Québec
François Delorme, Québec
Jean Desbiens, membre de la fraternité dominicaine missionnaire adoratrice, Québec
Gérald Doré, pasteur retraité de l’Église Unie du Canada, Québec
Jean Fahmy, PhD. Ottawa
Denis Fortin, pasteur Église Unie du Canada, Québec
Claire Fréchette, Québec
Loyola Gagné, Religieux du Saint-Sacrement, Québec
Paul-André Giguère, théologien, Québec
Pierre Goldberger, pasteur Église Unie du Canada, Montréal
Nicole Hamel, Québec
André Jacob, professeur retraité de l’École de travail social, Université du Québec à Montréal
Roger Labbé, Québec
Martine Lacroix, artiste et militante, Montréal
Marie-Claude Lalonde, directrice nationale l’AED Canada
Line Lemieux, Québec
Jean Loignon, Église protestante Unie de France, Saint-Nazaire, France
Mario Marchand, D. Th. P., Québec
Louise-Marie-Pelletier, Présidente des Pueri Cantores Canada, Québec
Jean Picher, prêtre, Québec
Darla Sloan, pasteure, Québec
Rev. Dr. Emmanuel Tehindrazanarivelo, Responsable des Ministères en français de l’Église Unie du Canada, Toronto
Gabriel Villemure, prêtre, fondateur de l’ACAT Canada, Montréal