L’évêque de Baie-Comeau Jean-Pierre Blais n’a pas présidé les confirmations prévues dimanche dernier à la paroisse Saint-Augustin de Chute-aux-Outardes. C’est plutôt l’abbé Jimmy Delalin, le curé de la paroisse, qui a effectué cette tâche habituellement dévolue aux évêques diocésains.
Dans une page Facebook locale, l’abbé Delalin a invité les paroissiens à participer à la cérémonie du lendemain durant laquelle huit jeunes ont reçu le sacrement de la confirmation. «Venons les soutenir de notre prière et de notre amitié», a-t-il écrit.
Tôt samedi matin, le curé a aussi révélé que ce n’est pas l’évêque qui allait présider la célébration. «Il n’est pas approprié que notre évêque célèbre [ces confirmations] étant donné le processus judiciaire en cours», a-t-il indiqué. Mgr Blais entend analyser «les allégations portées contre lui».
C’est donc lui, Jimmy Delalin, qui a été «délégué» pour confirmer les jeunes, a-t-il aussi annoncé. Selon l’article 882 du Code de droit canonique, «l’évêque est le ministre ordinaire de la confirmation». Toutefois, un prêtre, «en vertu d’une concession particulière de l’autorité compétente», peut conférer validement ce sacrement.
Personne, dans la page Facebook paroissiale, n’a demandé plus de précisions sur le «processus judiciaire en cours» ou encore sur les allégations contre l’évêque de Baie-Comeau.
Les paroissiens de Chute-aux-Outardes et l’ensemble des fidèles du diocèse ont appris, le jeudi 1er décembre, que leur évêque était nommé dans le recours collectif contre l’archidiocèse de Québec. Une victime, mineure à l’époque, allègue qu’elle aurait été abusée par Jean-Pierre Blais entre 1973 et 1975. Celui-ci était alors un séminariste ou encore un prêtre tout récemment ordonné. Nommé évêque auxiliaire à Québec en 2008, puis évêque diocésain en 2014, l’actuel évêque de Baie-Comeau a formellement nié toute inconduite sexuelle, le 2 décembre 2022.
Gouvernance du diocèse
Au diocèse de Baie-Comeau, on a refusé d’indiquer si Mgr Blais a présidé ou non les confirmations prévues à Chute-aux-Outardes. On a aussi refusé de répondre à toutes nouvelles questions sur la gouvernance du diocèse.
Présence a insisté afin de connaître si des communications ont toujours lieu entre Mgr Blais, l’archevêque de Rimouski Denis Grondin, le nonce apostolique Ivan Jurkovič ou encore le dicastère pour les évêques, présidé par le cardinal Marc Ouellet. «Tel que nous l’avons mentionné précédemment, nous ne ferons pas d’autres commentaires sur ce sujet», a-t-on répondu jeudi.
À l’archidiocèse de Rimouski, on a volontiers confirmé au journaliste que «Mgr [Denis] Grondin a immédiatement avisé les autorités vaticanes, via la nonciature apostolique au Canada, des allégations portées à l’encontre de Mgr Blais dès que l’information nous a été communiquée», soit le jeudi 1er décembre.
Puisqu’il est l’archevêque métropolitain d’une province ecclésiastique qui regroupe l’archidiocèse de Rimouski et les diocèses de Gaspé et de Baie-Comeau, Mgr Grondin devait obligatoirement en informer le Vatican.
Cette obligation est prévue dans le motu proprio Vos estis lux mundi promulgué par le pape François en 2019. Après avoir pris connaissance de toute allégation d’inconduite sexuelle (ou de toute omission par un évêque de déclarer un abus), le Vatican, dans ce cas-ci le dicastère pour les évêques, dispose d’un délai de trente jours pour fournir à l’archevêque métropolitain «les instructions nécessaires sur la manière de procéder dans le cas concret».
L’archevêque de Rimouski a-t-il déjà reçu des instructions en provenance du Vatican, par l’intermédiaire du «représentant pontifical» au Canada? À cette question, le porte-parole de l’archevêque Grondin a poliment indiqué qu’«aucun autre commentaire ne sera émis». Quant à Mgr Jurkovič, le nonce apostolique au Canada, il n’a pas répondu aux demandes de Présence.