Il n’y aura pas d’«enquête pour agression sexuelle» à l’encontre du cardinal Marc Ouellet, vient de déclarer Matteo Bruni, le directeur du bureau de Presse du Saint-Siège.
Réagissant pour la toute première fois aux allégations de comportements inappropriés dévoilées mardi dans une poursuite contre l’archidiocèse de Québec, les autorités vaticanes estiment aujourd’hui que la plaignante, surnommée F, «n’a porté aucune accusation qui fournirait matière à une telle enquête».
Dans sa déclaration, Matteo Bruni confirme toutefois que le pape a bien demandé au jésuite Jacques Servais de mener une enquête préliminaire dans cette affaire. Le père Servais avait toujours refusé de confirmer qu’il avait reçu un tel mandat et il n’a jamais informé la plaignante du résultat de son enquête.
Consulté à nouveau par les autorités vaticanes, l’enquêteur répète qu’«il n’y a aucun motif fondé pour ouvrir une enquête pour agression sexuelle sur la personne F. de la part du cardinal Ouellet. Ni dans son rapport écrit et envoyé au Saint-Père, ni dans le témoignage via Zoom que j’ai recueilli par la suite en présence d’un membre du Comité diocésain ad hoc, cette personne n’a porté une accusation qui fournirait matière à une telle enquête».
Les mots du père Servais ont été publiés en français dans la déclaration, en italien, préparée par le directeur de la salle de presse du Vatican.
Déçu, mais pas surpris
«Je suis déçu. Mais pas surpris», lance Me Alain Arsenault en prenant connaissance de la note vaticane.
L’avocat qui représente les 101 victimes – dont l’agente de pastorale nommée F. – dans le recours collectif contre l’archidiocèse de Québec dit que «c’est toujours ainsi que réagit l’Église dans des situations difficiles».
Le message qu’envoie le Vatican est clair, selon lui. «On ne peut pas toucher au haut clergé.»
Me Arsenault se dit aussi déçu parce que le pape François, il y a trois semaines, à Québec même, s’est précisément «excusé pour les gestes posés par des membres du clergé».
«Que l’enquêteur n’ait pas trouvé d’éléments suffisants, d’accord. Mais pourquoi n’a-t-il jamais prévenu la plaignante?», demande-t-il. «Et il ne faut pas oublier que même le comité d’examen des plaintes de l’archidiocèse de Québec a bien reconnu qu’il y avait eu agression sexuelle de la part du cardinal Ouellet.»
L’avocat a discuté avec F. dès que la note vaticane a été rendue publique. «C’est une grande déception pour elle.»
Me Arsenault dit que la réaction du Vatican n’aura aucun effet sur «notre volonté d’indemniser les personnes, incluant madame F.».
«Ils veulent nier les faits, fort bien. Mais il faudra que le cardinal Ouellet soit dans la boîte aux témoins. Il sera interrogé. Il sera contre-interrogé. Et c’est moi-même qui vais le contre-interroger», promet-il.