Durant une fin de semaine de décembre 2022, les fidèles présents à la messe célébrée dans plusieurs églises de l’archidiocèse de Québec ont appris qu’un prêtre associé à leur communauté venait tout juste d’être «relevé de tout ministère, pour une durée indéterminée» en raison d’une «allégation d’inconduite».
«L’Évêque de Québec a été informé avec tristesse d’une allégation d’inconduite visant l’abbé John Cannon, membre de l’équipe pastorale des Unités missionnaires Orléans et Côte-de-Beaupré», a-t-on lu à chacune des messes de ces regroupements de paroisses – appelés unité missionnaire dans l’archidiocèse de Québec. Les Unités missionnaires Orléans et Côte-de-Beaupré regroupent une vingtaine d’églises, notamment à Beauport, à l’Île d’Orléans et à Sainte-Anne-de-Beaupré.
«Cette situation a été portée à notre attention dans le cadre d’une action collective visant l’archidiocèse de Québec sur la base de déclarations confidentielles», révèle-t-on aussi dans la note lue publiquement.
«Selon la procédure habituelle, l’abbé John Cannon a dû être relevé de tout ministère, pour une durée indéterminée, jusqu’à ce que la situation qui le concerne soit clarifiée», indique-t-on. Cette note disciplinaire est signée par l’évêque auxiliaire Marc Pelchat.
La note ne mentionne pas les faits reprochés à l’abbé Cannon et elle n’invite pas les paroissiens à prier spécifiquement pour la présumée victime.
Dans le recours collectif intenté contre l’archidiocèse de Québec, le nom de l’abbé Cannon apparaît pour la toute première fois dans un tableau anonymisé des victimes rendu public le 1er décembre 2022. Une personne, âgée de 34 ans, dénonce des attouchements faits durant l’été 2018.
Avant d’être associé à l’archidiocèse de Québec, l’abbé John Cannon, né en 1959, a été membre d’une communauté monastique, les Petits frères de la Croix. Entré au postulat en 1984, il est devenu prêtre au sein de cette communauté en juin 2000. Il la quittera volontairement le 1er novembre 2015.
Deuxième retrait
C’était la deuxième fois durant l’année 2022 que l’archidiocèse de Québec annonçait publiquement qu’un prêtre diocésain était sanctionné.
En avril 2022, l’abbé Léopold Manirabarusha, était «retiré du ministère pour une durée indéterminée», avait-on annoncé lors de chacune des messes tenues dans les trois paroisses qui forment l’Unité missionnaire Desjardins-Chutes Chaudières. Des «comportements inappropriés» lui étaient alors reprochés. L’archidiocèse n’avait alors pas précisé la nature de ces comportements mais assurait avoir agi sans délai dès la réception d’«allégations d’inconduite visant une personne qui œuvre sous notre responsabilité».
Le 16 août 2022, le public apprenait que le nom de cet abbé faisait partie du tableau des victimes préparé par les avocats qui les défendent dans le cadre de l’action collective contre l’archidiocèse de Québec. Les documents judiciaires révélaient aussi que les autorités étaient au courant de cette affaire plus d’un an avant que ce prêtre ne soit publiquement sanctionné.
Transparence
L’archidiocèse refuse toutefois de dire si d’autres prêtres du diocèse, outre les abbés Cannon et Manirabarusha, ont été suspendus durant l’année 2022.
Trois jours avant l’annonce de la sanction contre l’abbé Cannon, le 8 décembre 2022, le cardinal Gérald Lacroix a présidé la célébration de la fête de l’Immaculée-Conception en la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. Au terme de cette messe, il a invité les participants à s’asseoir.
«N’ayez pas peur, je ne commencerai pas une autre homélie», a-t-il d’abord lancé. Puis il a informé les fidèles présents «des progrès réalisés dans notre réponse aux poursuites civiles engagées contre l’archidiocèse de Québec à la suite d’abus sexuels commis sur des personnes mineures ou vulnérables survenues dans le passé et aussi plus récemment».
«Nous voulons donner l’assurance qu’aucune personne contre laquelle il y a eu une allégation crédible d’abus ne peut exercer un ministère ou un service dans notre archidiocèse jusqu’à ce que sa situation soit clarifiée», a déclaré le cardinal.
Il a aussi expliqué que dans le dossier des abus commis par des prêtres diocésains, l’archidiocèse avait toujours «fait preuve d’ouverture et de transparence» notamment «en informant les membres de nos communautés chaque fois que des accusations crédibles ont été formulées».
Le 8 décembre, le cardinal a invité les fidèle à prier pour les «personnes qui ont souffert d’abus et d’inconduite, pour les «personnes qui auraient pu être accusées injustement» et pour les «personnes responsables de gestes répréhensibles envers des personnes mineures ou vulnérables». Il souhaite que ces dernières puissent «reconnaître et regretter profondément le mal qu’elles ont fait».