La congrégation des Jésuites du Canada rend publics les noms de 27 jésuites francophones et anglophones qui ont fait l’objet d’allégations crédibles d’abus sexuels à l’endroit de personnes mineures depuis le début des années 1950. Trois jésuites dans cette liste rendue publique le lundi 13 mars 2023 sont toujours vivants. Ils sont «retirés du ministère actif pendant que leurs actes font l’objet d’une enquête» et ils sont placés «sous une stricte surveillance».
La liste indique les noms de tous les jésuites du Canada qui ont fait l’objet d’une seule (11 jésuites) ou encore de plusieurs allégations crédibles (16 jésuites). Vingt-quatre d’entre eux sont aujourd’hui décédés. Les trois toujours vivants sont les pères John Pungente, Francis Whelan et David Eley, tous des anglophones liés à ce qu’on appelait autrefois la province jésuite du Haut-Canada.
Quatre religieux francophones ont fait l’objet d’une seule allégation crédible au fil des années. Les noms de deux jésuites, dont un qui fut aumônier de l’armée américaine (Marcel Ménard, décédé en 1992), sont mentionnés dans plusieurs affaires. Responsable présumé de plusieurs abus, le père Henri Lalonde, décédé en 1974, a œuvré à Kahnawake où il fut notamment responsable du chœur mixte. Mentionnons enfin que le nom du jésuite Léon Lajoie, responsable de la Mission Saint-François-Xavier de Kahnawake de 1956 à 1990, n’apparaît aucunement dans la liste que les jésuites ont rendue publique aujourd’hui.
«La grande majorité des cas ont été révélés après le décès de l’auteur présumé» de l’abus, indique aussi le supérieur provincial des Jésuites du Canada, le père Erik Oland. Il explique que «certaines de ces affaires n’ont jamais fait l’objet d’un procès pénal ou civil».
Fin 2019, la congrégation a commandé un audit des archives liées à chacun de ses membres, vivants ou décédés, depuis le début des années 1950. Tous les dossiers personnels des jésuites ainsi que leurs correspondances avec leurs supérieurs ont été scrutés par le délégué jésuite «aux allégations d’inconduite» en collaboration avec le personnel des archives et le détective privé Brian King, de la firme King International Advisory Group, la même entreprise qui a mené l’enquête à Kahnawake sur les allégations contre le curé Léon Lajoie.
«Bien qu’un examen aussi exhaustif que possible des dossiers ait été effectué, il est toujours possible que d’autres noms apparaissent» dans la liste qui a été dévoilée, prévient le père Erik Oland.
«Cette liste doit être considérée comme un document vivant, qui pourra être complété ou modifié à l’avenir, au fur et à mesure que des informations supplémentaires seront présentées.»
«Nous ne pouvons pas réécrire le passé», reconnaît le jésuite Oland.
«Nous souhaitons cependant contribuer à la réconciliation, à la réparation des torts passés et au rétablissement de la confiance. La réalisation de notre audit et la décision de publier les noms des personnes accusées de manière crédible expriment notre engagement en faveur de la transparence et de la responsabilité.»
La province des Jésuites du Canada compte actuellement 208 membres. Cette province observe «une politique de tolérance zéro en ce qui concerne les cas de conduite inappropriée entre un jésuite et une personne mineure». La liste des jésuites contrevenants, la lettre du supérieur Erik Oland ainsi que la «Politique et procédures en cas d’allégations d’abus et d’inconduite» sont disponibles dans le site Web des Jésuites du Canada.